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Dans une déclaration qui secoue l’opinion publique congolaise, le Général-Major Ephraïm Kabi Kiriza, Commandant de la Garde Républicaine (GR) de la République Démocratique du Congo (RDC), a ouvertement dénoncé l’ancien Président Joseph Kabila, l’accusant d’avoir quitté le pouvoir avec les arriérés de paiement et les primes dues aux militaires. Cette déclaration, inhabituelle dans un paysage militaire traditionnellement discret, marque une étape majeure dans les tensions persistantes entre le pouvoir actuel et l’ancien régime.
Le Général Kiriza, surnommé « Kabila » par ses pairs pour des raisons historiques ou de ressemblance apparente, a brisé l’omerta militaire en déclarant publiquement :
« Joseph Kabila est parti avec nos arriérés, nos primes. Il doit arrêter de mentir. Avec Félix Tshisekedi, nous n’avons pas d’arriérés. Qu’on arrête les mensonges. »
Ces propos, prononcés lors d’un briefing interne relayé par des sources proches du haut commandement, ont été perçus comme un acte de loyauté envers l’actuel chef de l’État, Félix Tshisekedi, mais également comme un avertissement lancé à ceux qui cherchent à réhabiliter l’image de l’ancien président.
Sous le régime de Joseph Kabila, de nombreux militaires, policiers et agents de sécurité se sont plaints du non-paiement de leurs soldes et de leurs primes pendant plusieurs mois, voire années. Plusieurs rapports de la Cour des comptes, entre 2011 et 2018, ont évoqué des « irrégularités graves » dans la gestion des fonds destinés à la Défense.
Un exemple frappant est celui du rapport parlementaire de 2017, qui avait révélé que près de 200 millions de dollars alloués à la solde des forces armées n’avaient jamais atteint leurs bénéficiaires. Ces montants auraient été détournés ou mal gérés par des responsables militaires et civils proches de la présidence de l’époque.
Depuis son accession au pouvoir en janvier 2019, Félix Tshisekedi a promis de restaurer la dignité des forces armées. Selon plusieurs sources militaires, notamment au sein de la GR et de la FARDC, les soldes sont désormais versées de manière plus régulière, et certaines primes jusque-là impayées ont été rétablies.
Des officiers en poste à Kamina et à Beni ont confirmé sous anonymat que, depuis 2021, ils reçoivent leurs soldes mensuelles sans interruption. Des primes de combat ont également été introduites pour les troupes engagées dans l’est du pays, où la RDC fait face aux groupes armés comme le M23 et les ADF.
Les propos du Général Kiriza s’inscrivent dans un contexte où les anciens réseaux de Kabila cherchent à retrouver une influence, notamment à travers des campagnes de communication visant à ternir l’image du régime actuel. Le Front Commun pour le Congo (FCC), plateforme politique de l’ancien président, accuse régulièrement Tshisekedi d’avoir échoué à sécuriser le pays.
Or, en riposte, des figures militaires comme Kiriza prennent désormais la parole pour défendre le bilan sécuritaire du président en exercice et dénoncer les « manipulations » venues de l’ancien camp.
Cette sortie médiatique pourrait marquer un tournant : celui de l’engagement public des officiers supérieurs dans les débats de la République. Cela pose néanmoins la question de la neutralité de l’armée, garantie par la Constitution, et du risque de militarisation du discours politique.
Mais pour les proches de Tshisekedi, cette franchise est salutaire : « Il faut que les militaires parlent quand l’injustice est trop lourde à porter. Le peuple a droit à la vérité », a confié un conseiller à la présidence sous couvert d’anonymat.
Les déclarations du Général-Major Kabi Kiriza sont plus qu’un simple coup de colère : elles traduisent une fracture entre deux ères politiques en RDC. D’un côté, un passé marqué par l’opacité et les arriérés. De l’autre, une volonté affichée de rupture, de régularisation et de transparence. Reste à savoir si d’autres hauts gradés suivront son exemple et si la justice osera un jour ouvrir les dossiers financiers du régime Kabila.