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Les sanctions contre le Mali réoriente le jeu des acteurs et redistribue les cartes dans la zone sahélienne.
La Russie et la Chine trouvent une occasion en « or » pour s’engouffrer dans les brèches du jeu sahélien. Les relations entre Bamako et Moscou datent de la guerre froide. Plusieurs hauts gradés de l’armée malienne ont été formé dans les écoles de guerre en Russie y compris le colonel Goïta. Le déploiement de 300 « conseillers » militaires dans la base de Tombouctou récemment transmise par la force Barkhane est un premier pas de l’engagement russe au Mali. Compte tenu, de l’isolation croissante de Bamako dans son environnement immédiat, le renforcement des relations avec la Russie de Poutine va certainement s’accroitre dans les domaines économiques. Dans l’imagination de plusieurs citoyens maliens, les sanctions de la CEDEAO ont été édictées par la France d’où une volonté d’accroitre le partenariat avec Moscou. Dans les prochains mois, Il faudra s’attendre à un autre déploiement de contingents russes au Mali.
L’’Algérie retrouve son flanc sud consolidé. Les autorités maliennes ont été longtemps réticents quant au rôle d’Alger dans le bourbier sahélien. La récente brouille diplomatique avec la France jette les bases d’une nouvelle alliance régionale. Pour rappel, le défunt président Modibo Keita était un soutien du FLN (Front de Libération Nationale) durant la guerre contre la colonisation. Le triangle Bamako -Alger- Moscou pourra rapidement se dessiner et contrebalancer l’influence française au Sahel. Par ailleurs, Alger pourrait devenir le futur corridor d’approvisionnement de Bamako sous la bénédiction de Moscou. Cependant, cette stratégie pourrait être moins bénéfique et rentable, compte tenu de la durée et de la distance.
La Mauritanie trouve une occasion de renforcer ses relations avec Bamako. Ancien membre de la CEDEAO, la Mauritanie s’était retirée de l’organisation régionales pour des raisons internes. L’isolement du Mali donne une occasion aux deux pays, membres du G5 Sahel, de renforcer leur coopération dans le domaine économique et militaire. Nouakchott sera un « atout » pour rompre le complexe « obsidional »-
La Turquie peut aussi tirer son épingle du jeu. Le récent sommet Afrique-Turquie a montré l’importance du continent africain. Avec, la mise en place de la stratégie de « L’ouverture à l’Afrique », la Turquie se veut comme un partenaire de premier plan. L’Afrique de l’ouest dont la population est à majorité musulmane d’obédience Sunnite de même que la Turquie constitue une cible de choix dans l’opération de charme « made in Turky ». Et, le Mali pourra être un partenaire économique privilégié.
Les groupes djihadistes vont certainement tirer profit de « l’affaiblissement » de Bamako. L’histoire a montré que les groupes nébuleux terroristes se nourrissent du « Chaos » pour exécuter leurs entreprises funestes. La pauvreté et la misère sont des terreaux fertiles du djihadiste. Les radicaux profiteront certainement de la situation pour renforcer emprise et affaiblir l’armée malienne. Sur le plan économique, la fermeture des frontières avec Mali ne sera pas sans conséquence sur le plan économique. Dépourvue d’accès à la mer, le Mali importe essentiellement ses produits de premières nécessités à travers le corridor Dakar – Bamako et Abidjan – Bamako. Bien que les sanctions ne concernent pas les produits de premières nécessités.
Cependant, la fermeture des frontières impactera absolument l’économie sénégalaise. En 2020, les exportations sénégalaises vers le pays de Mobibo Keita s’élevaient à 200 milliards de franc cfa, selon le directeur du port de Dakar. Ce qui fait du Mali, le premier client du Sénégal. 70% des produits exportés par le Mali passent par le port de Dakar et 20% via le port d’Abidjan.
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