Vous en rêviez ? Ils l’ont (presque) fait. Des scientifiques ont réussi à ralentir le vieillissement de souris âgées en reliant leur système circulatoire à celui de jeunes souris ! Une nouvelle piste pour comprendre pourquoi nous avons tous une date de péremption…
Freiner le vieillissement n’a plus rien d’un scénario de science-fiction (du moins pour les souris), comme le démontre une étude publiée dans la revue Nature Aging. Des chercheurs de l’université de médecine de Duke (États-Unis) ont joint par chirurgie les vaisseaux sanguins de jeunes souris et de souris âgées. Les résultats sont tombés : les scientifiques ont noté un allongement de 6 à 9 % de la vie des vieilles souris ! De plus, leurs tissus présentaient des signes de rajeunissement et elles avaient gagné en vitalité. « Nous cherchons à savoir comment et pourquoi », confie le biologiste cellulaire et coauteur de l’article James White au New-York Times, mais les résultats suggèrent que le sang des jeunes souris contiendrait un cocktail favorisant la longévité.
Les jeunes et vieilles souris ont été cousues entre elles au niveau de leur flan, de façon à ce que les capillaires de leur peau se rejoignent. Elles ont été maintenues dans cet état de « parabiose » pendant trois mois, au bout desquels elles ont été précautionneusement séparées. Les jeunes souris ont connu un vieillissement accéléré le temps de la parabiose, puis ont ensuite récupéré toute leur vitalité et sont revenues à leur état initial. Les vieilles souris, elles, ont commencé à perdre leurs réserves de « jeunes cellules » accumulées au cours de la parabiose… mais ne sont pas revenues à leur état initial !
Les scientifiques ont étudié les marqueurs moléculaires présents dans leur sang et leur foie — les horloges biologiques du corps qui permettent de connaître l’âge et mesurer le vieillissement. Ils ont remarqué que ces marqueurs s’étaient mis en pause le temps de la parabiose, avant de se remettre en marche. « Nous avons réinitialisé la trajectoire du vieillissement ! » s’émerveille James White.
Pour autant, l’expérimentation sur les humains est encore lointaine. D’abord, parce que les résultats sont à interpréter avec prudence : une expérience similaire publiée l’année dernière par des scientifiques ukrainiens n’avait pas montré que les souris âgées (d’une race différente de celles-ci) vivaient plus longtemps après la parabiose, il est donc impossible de généraliser les conclusions.
De plus, il n’est évidemment pas possible de coudre le flan de deux humains ensemble, d’autant que les échelles de temps ne sont pas les mêmes : pour obtenir un allongement de l’espérance de vie, la parabiose entre une personne de 50 ans et une personne de 18 ans devrait durer environ huit ans, les effets ajoutant huit ans de durée de vie au cobaye âgé…
Enfin, il n’est pas possible actuellement d’envisager l’injection du fameux cocktail d’éléments présent chez les plus jeunes, et les chercheurs n’ont pour l’instant aucune idée de sa composition… « S’agit-il de protéines ou de métabolites ? La jeune souris fournit-elle de nouvelles cellules ou se contente-t-elle d’imprégner le vieux sang ? C’est ce que nous espérons apprendre à l’avenir », conclut James White.
Futura-Sciences