C’est un fait, les humains n’hibernent pas comme certains animaux. Toutefois, notre horloge biologique interne est affectée par l’exposition à la lumière. Une observation préliminaire sur des patients atteints de troubles du sommeil montre que la durée du sommeil est plus longue en hiver qu’en été ou au printemps.
On sait que plusieurs processus physiologiques présentent des schémas saisonniers chez l’humain, y compris les conditions médicales qui affectent le sommeil. Parmi les facteurs impactant l’architecture du sommeil, l’exposition à la lumière qui varie naturellement au cours de l’année semble jouer un rôle majeur. Ainsi, les évaluations (subjectives) de la durée du sommeil au cours de l’année suggèrent une période de sommeil nettement plus longue en hiver qu’en été.
Une population urbaine souffrant de troubles du sommeil
Sur une période d’un an, une nouvelle étude rétrospective a analysé la variation saisonnière de mesures objectives du sommeil, dans une cohorte d’adultes vivant dans un environnement urbain. Pourquoi ce dernier choix ? Parce qu’un tel environnement avec une faible exposition à la lumière naturelle et une forte pollution lumineuse devrait affecter toute saisonnalité régulée par la lumière, expliquent les scientifiques allemands.
Ces derniers ont recruté 292 patients présentant des troubles du sommeil neuropsychiatriques et qui ont subi en 2019 des études du sommeil (appelées polysomnographies) dans un laboratoire spécialisé. Là-bas, on leur a demandé de dormir naturellement, sans réveil, et on a pu ainsi surveiller la qualité et le type de sommeil ainsi que sa durée. « Bien que les troubles du sommeil puissent potentiellement affecter les résultats, cela permet d’avoir un grand groupe d’étude réparti uniformément sur toute l’année, ce qui permet d’étudier les différences d’un mois à l’autre », rapportent les chercheurs dans Frontiers in Neuroscience.
Il restait 188 patients pour l’analyse après la prise en compte des critères d’exclusion suivants : la prise de médicaments connus pour affecter le sommeil, les défaillances techniques pendant la polysomnographie et une perturbation anormale du sommeil paradoxal (des latences de sommeil paradoxal supérieures à 120 minutes).
Hiver : 30 minutes supplémentaires de sommeil paradoxal
Résultat : les chercheurs ont constaté des changements subtils mais marquants au fil des saisons, même dans une population urbaine au sommeil perturbé. La durée totale du sommeil était environ une heure plus longue en hiver qu’en été, mais ce résultat n’était pas statistiquement significatif. En revanche, le sommeil paradoxal, soit la phase pendant laquelle nous rêvons le plus, était plus long de 30 minutes en hiver qu’au printemps. En effet, le sommeil paradoxal est directement lié à l’horloge circadienne, qui est affectée par les changements de lumière.
« Si cette étude est reproduite dans une population saine, elle fournira les premières preuves de la nécessité d’adapter les habitudes de sommeil aux saisons, notent les auteurs de l’étude. En général, les sociétés doivent adapter leurs habitudes de sommeil (notamment la durée et le moment du sommeil) à la saison, ou adapter les horaires d’école et de travail aux besoins saisonniers en matière de sommeil ». Pour commencer, se coucher plus tôt en hiver semble être une bonne idée d’adaptation à la saison.
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