Il est réputé frayer avec les sorcières. Et ceux qui le croisent iraient au-devant de lourds ennuis. Dans l’imaginaire collectif, le chat noir n’a pas la meilleure des images. Mais comment donc sont nées ces superstitions ?
Chaque année désormais aussi en France, on fête Halloween le 31 octobre. C’est l’occasion de se faire peur. Le jour où vampires, fantômes, morts-vivants et autres sorcières se lâchent. Et parmi les figures associées à cette fête de la nuit et des êtres démoniaques, il y a… le chat noir ! Mais d’où vient donc cette superstition tenace que les chats noirs apportent le malheur ?
Peut-être trouve-t-elle ses racines dans la mythologie grecque. Héra, l’épouse de Zeus, aurait en effet transformé son serviteur Galinthias en chat noir pour le punir d’avoir empêché la naissance d’Hercule. Galinthias est alors devenu l’assistant d’Hécate, la déesse de la sorcellerie…
Chat noir, chat de sorcière
Les historiens nous racontent qu’au XIIIe siècle, dans un écrit publié alors par le pape Grégoire IX, le chat noir est présenté comme l’incarnation de Satan. Rien que ça ! Et si le lien est resté aussi profondément ancré dans les esprits, c’est peut-être parce que le même texte a marqué le début de la chasse aux hérétiques, de la chasse aux sorcières en Europe.
Dans l’Égypte ancienne, pourtant, le chat – pas forcément noir – était considéré comme un animal divin. Lui porter atteinte condamnait immédiatement l’auteur des faits – volontaire ou pas – à la mort. Mais à partir du Moyen Âge, donc, le chat s’est retrouvé intimement lié aux sorcières. Et c’est bien l’Église qui a œuvré en ce sens. Comme les sorcières de l’époque étaient caractérisées par un attachement profond à la nature et aux animaux, elle a développé la croyance que l’affection entre un être humain et un animal ne pouvait être que diabolique.
Un lien malsain entre humain et chat noir
Les chats, se dit-il, ont aussi souffert de leur comportement quelque peu… distant avec les hommes. Contrairement aux chiens, ils ne respectent pas vraiment l’autorité humaine. Ils ne flattent pas non plus notre égo. Ainsi, tout comme les femmes un peu trop indépendantes, les chats sont devenus plus que suspects.
Pourquoi les chats noirs en particulier ? La réponse à cette question reste floue. Certains imaginent tout simplement que leur couleur sombre leur permet de se fondre dans la nuit. Faisant d’eux de meilleurs chasseurs. Et comme les sorcières ont tendance à finalement se montrer plutôt pragmatiques…
Contrôler les chats noirs pour contrôler le monde
Alors que la superstition commençait à traverser l’Atlantique, l’idée est aussi née que les sorcières pourraient se transformer en chats noirs. Et inversement. D’où, finalement, la croyance encore vivace chez certains que croiser un chat noir pourrait porter malheur. Parce que ledit chat pourrait cacher une sorcière en mission. À la Renaissance encore, nous apprennent les historiens, les paysans payaient les curés pour les débarrasser de cette malédiction. On comprend mieux l’intérêt de l’Église de ne pas décourager leurs craintes.
Cela semble aussi confirmer la conclusion d’une étude parue dans l’International Journal of Psychology and Behavioral Sciences. Les superstitions seraient un moyen de créer la perception d’avoir le contrôle sur des événements extérieurs sur lesquels, justement, nous n’avons que peu ou pas du tout de contrôle. Et en ce sens, certaines croyances peuvent offrir un bénéfice psychologique ou même apaiser l’anxiété. Si lesdites superstitions sont positives.
Des pistes thérapeutiques dans les chats noirs
Ce n’est pas le cas de celle du chat noir. Il ne faut ainsi pas hésiter à rétablir la vérité. Les chats noirs, évidemment, ne portent aucunement malheur. Pour mettre à mal cette superstition inscrite dans notre Histoire, une journée internationale du chat noir a été décrétée. Elle se fête le 17 août et elle est destinée à inciter le public à l’adoption de ces laissés-pour-compte. Dans certains pays, le mois d’octobre a même été symboliquement choisi comme mois de la valorisation du chat noir. Parce qu’aujourd’hui encore, les chats noirs ont statistiquement moins de chance d’être adoptés et plus de risques d’être euthanasiés.
Pourtant, une étude publiée il y a quelques années déjà dans la revue Plos Genetics suggère que certains chats noirs au moins doivent leur couleur à une production en excès de mélanine. Une particularité qui aurait pour effet collatéral plutôt heureux d’allonger leur durée de vie. En les rendant notamment plus résistants que les autres aux maladies. Y compris au virus de l’immunodéficience féline (FIV). Des chercheurs explorent d’ailleurs ce point en espérant trouver un traitement pour les autres chats. Voire une piste nouvelle pour lutter contre le virus du sida…
Futura-Sciences
