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C’est une question très pertinente que pose les togolais, surtout à la lumière des récentes réformes constitutionnelles au Togo dont les pouvoirs seront concentrés dans les mains du président du conseil, qui est autre que Faure Gnassingbé.
Que s’est-il passé récemment ?
En avril 2024, l’Assemblée nationale togolaise a adopté une nouvelle Constitution, instaurant une Cinquième République. Cette réforme a profondément modifié le système politique togolais en passant d’un régime présidentiel à un régime parlementaire, sans consultation populaire directe (pas de référendum).
Le Togo devient-il un royaume ?
Non, le Togo ne devient pas un royaume au sens juridique ou monarchique du terme.
Cependant, la manière dont le nouveau régime parlementaire a été conçu et surtout les critiques qu’il suscite amènent certains observateurs à parler symboliquement d’une « monarchisation du pouvoir ».
Voici pourquoi cette impression existe :
Raisons de cette perception : Concentration du pouvoir, La nouvelle Constitution crée un poste de « président du conseil des ministres » (semblable à un Premier ministre), qui détient désormais l’essentiel du pouvoir exécutif, et non plus le président de la République.
Désignation indirecte du chef de l’exécutif : Ce nouveau « chef de gouvernement » est élu par les députés donc par une Assemblée dominée par le parti au pouvoir, le UNIR.
Risque de mandat illimité : En théorie, Faure Gnassingbé pourrait occuper ce nouveau poste exécutif aussi longtemps que son parti contrôle l’Assemblée, ce qui contournerait la limite de mandats imposée au président dans le régime précédent.
Absence de référendum : La réforme n’a pas été soumise au peuple togolais, ce qui renforce l’idée d’une réforme imposée par le haut, sans réel débat démocratique.
Succession dynastique : Le fait que Faure Gnassingbé ait succédé à son père, Gnassingbé Eyadéma, et soit toujours au pouvoir presque 20 ans plus tard, nourrit l’idée d’un pouvoir dynastique d’où l’analogie avec une monarchie.
En résumé, non, juridiquement le Togo ne devient pas un royaume. Mais la structure du pouvoir actuelle donne à penser, pour certains critiques, que le Togo fonctionne comme une monarchie républicaine de fait, où une même famille ou un même clan reste au sommet de l’État de façon prolongée, avec des institutions façonnées pour garantir cette continuité.