Le président turc se montre à nouveau attaché à la réconciliation avec la Syrie et à la préservation de l’intégrité territoriale du pays, s’étonne l’éditorialiste du journal Rai al-Youm, interrogeant si ce changement de cap ne découlait pas d’un éventuel accord tripartite secret conclu probablement suite au récent raid russe sur le quartier général du groupe terroriste du Front al-Nosra, soutenu par Ankara, à Idlib.
La lutte menée par Ankara contre les organisations terroristes qui ne comprennent que le langage de la force, garantit l’unité et l’intégrité territoriale de la Syrie, a prétendu le président turc, Recep Tayyip Erdogan, réitérant son ton conciliant envers son homologue syrien, Bachar al-Assad, avant d’entamer sa tournée dans les pays Balkans hier, vendredi 9 septembre, évoque Abdel Bari Atwan, rédacteur en chef du journal Rai al-Youm.
Le président Erdogan critique toutefois les autorités syriennes, leur reprochant de ne pas avoir pris de mesures punitives contre les groupes armés tels que le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), les Forces démocratiques syriennes (FDS) et les Unités de protection du peuple (YPG), a affirmé Atwan, se penchant dans son dernier éditorial sur la nouvelle approche établie par la Turquie à l’égard de la Syrie.
Mais le président turc, a-t-il fait noter, n’a pas évoqué d’autres groupes armés dont le Front al-Nosra qui bénéficient justement du soutien de son Parti de la justice et du développement et qui ont pourtant été désignés comme terroristes lors du sommet avec son homologue russe, Vladimir Poutine, à Sotchi.
Citant une source libanaise, Atwan affirme que le gouvernement syrien est réticent à aborder de manière positive la nouvelle prise de position du président turc et n’a plus confiance en ses paroles qui devraient se traduire par des actes concrets sur le terrain à commencer par le retrait des troupes turques du territoire syrien et la fin de l’assistance portée aux groupes armés syriens opérant à Alep, Idlib et Hassaké dans le nord et l’ouest de la Syrie.
A l’heure qu’il est, poursuit Atwan, la médiation russe entre les deux voisins syrien et turc a commencé à porter ses fruits : la multiplication des contacts et des rencontres entre les délégations de sécurité des deux parties, le décret d’une amnistie générale émis par le président Bachar al-Assad autorisant des milliers d’individus et de familles à retourner dans la ville de Khan Cheikhoun et ailleurs en Syrie sans se soumettre à aucun examen ou enquête. A cet égard, estime-t-il, l’arrestation d’un haut membre de Daech à Istanbul, mais aussi le silence des autorités turques sur le raid russe qui a tué près d’une centaine de terroristes du Front al-Nosra, soutenu par Ankara, pourrait s’inscrire dans le cadre d’un éventuel accord tripartite Syrie-Russie-Turquie.
La Turquie, indique Atwan, semble avoir pris une décision radicale : arrêter de soutenir les rebelles au gouvernement syrien et donner le feu vers à la Russie pour accomplir la tâche de liquider tout groupe terroriste opérant en Syrie. A moins d’un an des élections présidentielles turques, argue-t-il, Erdogan cherche à se débarrasser du dossier des réfugiés syriens qui est devenu une carte puissante entre les mains de l’opposition turque pour renverser son pouvoir. D’où le harcèlement racial, dirigé directement ou indirectement par le Parti de la justice et du développement pour pousser les réfugiés (4 millions environ) à rentrer chez eux.
Par ailleurs, le maire populaire d’Istanbul, Ekrem Imamoglu, aurait l’intention de créer un nouveau parti pour rivaliser avec le président Erdogan lors de la prochaine présidentielle turque en juin 2023, a fait remarquer Atwan pour arriver à la conclusion que le président turc a toutes les raisons pour s’approcher de son homologue syrien Bachar al-Assad et passer l’éponge sur les pertes subies par la Turquie en raison de sa proximité avec les politiques de l’axe occidental dans la région.