Togo : La Cinquième République, dans le dernier virage, reste la formation du gouvernement

Le Togo s’apprête à franchir une étape décisive dans la mise en œuvre de sa Cinquième République, instaurée par la révision constitutionnelle de 2024. Cette réforme majeure a transformé le pays d’un régime présidentiel en un régime parlementaire, redéfinissant ainsi les équilibres institutionnels et les modalités d’exercice du pouvoir.

Une nouvelle architecture institutionnelle

La nouvelle Constitution, promulguée le 6 mai 2024, a supprimé l’élection directe du président de la République. Désormais, le président est élu pour un mandat unique de six ans par l’Assemblée nationale et le Sénat réunis en congrès, mais ses fonctions sont essentiellement honorifiques. Le véritable pouvoir exécutif est confié au « président du conseil des ministres », une fonction équivalente à celle de Premier ministre, élu par l’Assemblée nationale et chargé de diriger l’action gouvernementale. Ce poste est réservé au chef du parti ou de la coalition majoritaire au Parlement, ce qui, en l’état actuel, favorise l’Union pour la République (UNIR), le parti au pouvoir dirigé par Faure Gnassingbé .

Vers une consolidation du pouvoir
Les élections sénatoriales de février 2025 ont renforcé la position de l’UNIR, qui a remporté 34 des 41 sièges à pourvoir. Le président Faure Gnassingbé a ensuite nommé les 20 sénateurs restants, complétant ainsi la composition du Sénat. Cette configuration parlementaire ouvre la voie à l’élection du nouveau président de la République par le Parlement, conformément à la nouvelle Constitution .

L’opposition et la société civile critiquent cette réforme, la qualifiant de « coup d’État constitutionnel » visant à permettre à Faure Gnassingbé de se maintenir au pouvoir indéfiniment, en concentrant l’essentiel des prérogatives exécutives entre les mains du président du conseil des ministres, un poste pour lequel il est pressenti .

Une transition controversée

La réforme constitutionnelle a été adoptée sans référendum, ce qui a suscité des critiques quant à sa légitimité. L’opposition dénonce une manœuvre antidémocratique, tandis que le gouvernement affirme que cette transition vers un régime parlementaire vise à renforcer la démocratie et la stabilité institutionnelle du pays .

Alors que le Togo entame ce « dernier virage » vers la mise en œuvre complète de sa Cinquième République, les observateurs nationaux et internationaux restent attentifs aux implications de cette transformation politique majeure sur la gouvernance et la démocratie dans le pays.

Komla AKPANRI
Komla AKPANRI

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