La plate-forme vient de lancer l’Alliance Internet Ouverte. Un moyen de mieux représenter la diversité des entreprises tech auprès des législateurs européens, face au lobbying acharné des GAFAM.
Le nom ferait presque penser à un mouvement clandestin de libération. Mais Open Internet Alliance (OIA, ou Alliance Internet Ouvert), nouvellement créée cette semaine, n’est qu’un autre groupe de pression initié par Twitter pour peser sur les législateurs qui réglementent le numérique.
Des Européens dans les membres fondateurs
Le réseau social a utilisé sa plate-forme Twitter Spaces pour le lancement officiel hier de cet outil de lobbying. Il n’est pas seul dans ce combat puisque Vimeo, Automattic (WordPress), ou encore Tumblr sont membres fondateurs. On compte également cinq acteurs européens de plus petite envergure comme le moteur de recherche tchèque Seznam ou le réseau social allemand Jodel. Mozilla est absent de cette courte liste de fondateurs, malgré sa participation aux étapes préparatoires de l’OIA durant deux ans, et notamment son appel à une régulation plus strict des contenus diffusés par les Big Tech, selon TechCrunch, qui revient longuement sur ce groupe.
L’idée force de cette alliance, c’est de convaincre les législateurs que l’Internet doit être envisagé globalement et non pas à travers le prisme unique des GAFAM. L’écosystème ne se résume pas à une poignée de géants.
« L’Internet, c’est plus que quatre acteurs – nos lois devraient le refléter », peut-on lire sur le site
Il faut dire que l’Europe est en train de s’équiper d’une réglementation numérique plus stricte et que c’est le moment où jamais de redoubler d’efforts pour peser sur ces nouveaux textes.
Le DMA (Digital Markets Act) et le DSA (Digital Services Act), qui sont proches d’être adoptés, pourraient créer un précédent mondial et inspirer d’autres pays.
« Notre préoccupation au sein de l’Alliance est que les voix des petites et moyennes entreprises ne sont tout simplement pas entendues dans les discussions sur ces textes législatifs », a déclaré la vice-présidente de la politique mondiale de Twitter, Sinead McSweeney, lors de l’événement organisé sur Spaces.
« Si nous ne parlons pas, il y a un risque que, alors que la DMA cherche à ouvrir les portes à la concurrence, le DSA les ferme en fait en imposant des règles de modération du contenu qui diviseront le marché unique numérique en 27 marchés différents avec 27 différents ensembles de règles. Et la conséquence inévitable de ce type de fragmentation est que seules les très grandes entreprises technologiques seront en mesure de s’y conformer», a-t-elle ajouté.
Les enjeux vont donc se concentrer sur la version finale du DSA qui doit lutter contre la désinformation et les contenus préjudiciables.
Un poids plume face aux Big Tech
Cette alliance est évidemment réponse à l’intense lobbying des Big Tech à Bruxelles ces dernières années. L’OIA aura cependant du mal à rivaliser financièrement avec les géants du Web. Tous réunis, ses membres fondateurs ne pèsent pas plus de 420 000 euros par an en dépenses de lobbying, et encore Twitter pèse-t-il largement dans cette balance.
En face, ce sont plusieurs dizaines de millions d’euros que sont capables d’aligner chaque année les Big Tech. Elles soutiennent en plus une myriade d’associations industrielles qui peuvent servir de porte-parole indirects de leurs intérêts commerciaux. La lutte s’annonce forcément inégale, mais le combat en vaut sans doute la chandelle.
Source :TechCrunch