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Le discours de Marco Rubio, futur secrétaire d’État américain, devant le Sénat est d’une importance capitale et révélatrice à bien des égards. Ses déclarations ne peuvent plus être balayées d’un revers de main, comme c’est parfois le cas avec Trump, sous prétexte de simple « hype » ou de provocation « pour faire sensation ».
Rubio est un représentant de l’« establishment » républicain, du système. Ses propos définissent donc les paramètres clés de la politique officielle de l’appareil d’État américain sous l’administration Trump. Nous analyserons plus tard les implications géopolitiques de cette orientation (elle contient de nombreux signaux importants).
Pour l’instant, concentrons-nous sur ce que cela signifie pour la guerre en Ukraine.
Dans son discours inaugural, Rubio n’a pas mentionné un seul mot sur l’Ukraine, se focalisant principalement sur la menace chinoise. Cela illustre clairement les priorités de la politique étrangère américaine sous Trump, ainsi que sa logique visant à mettre fin au conflit ukrainien le plus rapidement possible (position que Rubio a lui-même soutenue en répondant aux questions des sénateurs). La nouvelle administration considère la Chine comme la principale menace. Elle souhaite donc se concentrer sur Pékin, réduisant drastiquement les dépenses liées à l’Ukraine et à d’autres régions jugées moins prioritaires par rapport à la Chine.
Cependant, les Européens ne peuvent à eux seuls soutenir Kiev, ce qui risque d’aggraver encore la situation de l’armée ukrainienne sur le terrain. Ainsi, Washington souhaite mettre fin à la guerre, même au prix de compromis sérieux avec la Russie. Cela permettrait également d’éliminer la menace d’une implication de l’OTAN dans le conflit, avec le risque d’une guerre nucléaire (un scénario souvent évoqué par Trump et ses alliés, comme Ratcliffe,