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Le ministre iranien de l’Industrie, des Mines et du Commerce, Seyed Reza Fatemi-Amin, évoquant la croissance de 180% des relations entre l’Iran et la Russie par rapport au même mois l’an dernier, a annoncé la prochaine visite de 350 hommes d’affaires russes en Iran.
Mais quelle est la raison de la présence d’une délégation commerciale russe en Iran ?
Conformément à un accord conclu en 2020 entre la Chambre de commerce de Téhéran et le Centre d’exportation de la Fédération de Russie, la plus grande délégation commerciale russe composée de 350 personnes se réunira cette année du 19 au 21 septembre à Téhéran.
La Russie vouloir profiter de cette opportunité pour contourner les sanctions occidentales, alors que l’Iran est toujours sous sanctions malgré la poursuite des négociations sur son programme nucléaire.
Hessamuddin Abbas Hallaj, le vice-président des affaires internationales de la Chambre de commerce de Téhéran, a déclaré à ce sujet :
« La Russie est actuellement sous sanctions occidentales et cherche à les contourner par le canal iranien. Dans ce cadre, il bénéficie d’un protocole d’accord signé en 2020 entre la Chambre de commerce de Téhéran et le Centre d’exportation de la Fédération de Russie. »
Le mémorandum s’étend à plusieurs domaines, y compris la visite des délégations d’affaires, la présentation des dernières lois commerciales, la préparation de rapports thématiques sur le marché des pays cibles, les coopérations éducatives et des discussions sur la qualification des entreprises des deux pays.
Sur ce fond, ce sont les entreprises russes les plus importantes qui arrivent en Iran. La délégation qui devrait arriver dans les prochains jours en Iran est sans précédent notamment en termes de nombre d’entreprises qui sont présentées par le Centre d’exportation russe, une des organisations les plus puissantes en Russie.
Les activités de ces entreprises sont liées à l’agriculture, l’industrie alimentaire, le bois, l’énergie, le recyclage, les machines, l’équipement médical, les céréales, les systèmes de télécommunication, etc. Cette délégation sera présente en Iran pour une durée de trois jours.
Au cours des deux premiers jours, les entreprises iraniennes actives dans les domaines d’activité similaires rencontreront les représentants russes. Le troisième jour sera consacré aux startups et aux entreprises basées sur la connaissance qui présenteront leurs capacités.
L’événement rapproche politiquement les deux pays en leur fournissant les bases d’une coopération plus élargie dans différents domaines. Mais ce rapprochement irano-russe est à placer dans une perspective plus large dans la mesure où l’Inde et la Chine aident aussi la Russie à casser les sanctions. En effet, la Chine et l’Inde ont assoupli les conséquences des sanctions pétrolières pour la Russie, les achats de pétrole russe par l’Inde et la Chine ayant compensé une grande partie de la baisse des approvisionnements russes vers l’Europe.
Une analyse des statistiques douanières, réalisée par le Financial Times, montre qu’au deuxième trimestre de cette année, les deux pays asiatiques ont importé 11 millions de tonnes de pétrole de plus par rapport au premier trimestre, soit une augmentation de 9 milliards de dollars des importations. La plus forte augmentation des volumes s’est produite en Inde, où les importations de pétrole russe sont passées de 0,66 million de tonnes au premier trimestre à 8,42 millions de tonnes au deuxième.
Depuis le début de l’opération spéciale russe en Ukraine, les Etats-Unis, l’UE, le Royaume-Uni, le Canada et le Japon ont imposé des sanctions à la Russie dans le but de paralyser son système financier. La Chine et l’Inde, les deux pays les plus peuplés du monde, ont en revanche continué d’acheter du pétrole russe et d’autres matières premières telles que le charbon et les engrais.
La Chine, qui était un important acheteur du pétrole russe avant même la guerre en Ukraine, en a acheté 2 millions de barils par jour en mai dernier : une hausse de 0,2 à 0,4 million par jour par rapport à janvier et février. Cette augmentation des expéditions vers l’Inde et la Chine intervient alors que les Etats-Unis incitent les importateurs de pétrole russes, y compris New Delhi, à rejoindre le G7 afin de limiter les revenus de Moscou.
A l’heure actuelle, les revenus pétroliers de la Russie sont plus élevés par rapport à 2021 étant donné que les prix mondiaux ont tellement augmenté que le pétrole se négocie au-dessus de 100 dollars pour la première fois depuis 2014.