Dans un article intitulé : « Centrafrique : Face à la rareté des ressources domestiques, le directeur général de la DGDDI Inamo Frédéric Théodore appelle les douaniers à leurs responsabilités », publié par le Journal « Lepotentielcentrafricain » et relayé sur différentes plate – formes des réseaux sociaux, il a été porté à la connaissance du public centrafricain que le directeur général de la douane Frédéric Théodore Inamo a présidé, le samedi 02 novembre 2024, une importante réunion de tous les douaniers, communément appelée « Grand Rapport » sur l’esplanade de la direction générale.
Lors de cette rencontre, à un moment où la République centrafricaine peine à finaliser l’élaboration de son projet de loi de finances 2025, en réponse à la lenteur des discussions avec le FMI et à la rareté des ressources domestiques indispensables à la prise en charge des dépenses de fonctionnement de l’Etat, Monsieur Frédéric Théodore Inamo alias « Balthasar » a cru bon de dévoiler les actions à mener concrètement afin d’augmenter sensiblement le niveau des recettes douanières, en application des valeurs de la bonne gouvernance et de la transparence, et de « proposer à la douance centrafricaine des actions innovantes en vue de contribuer de manière efficace et efficiente à la mobilisation des recettes domestiques ».
D’après cet article qui a le mérite d’avoir été recommandé pour soigner l’image du 1er douanier de la République, le journaliste Bobo Trésor a indiqué qu’ « après un bref passage en revue des douaniers, Monsieur Frédéric Théodore Inamo a pris la parole pour faire le point sur la situation des recettes douanières des précédents mois, en mentionnant les difficultés rencontrées, et en s’appesantissant sur les obligations qui s’imposent à la douane centrafricaine, conformément à la loi de finances rectificative dont le montant prévisible est arrêté à plus de 55 milliards de Fcfa, au titre de l’exercice budgétaire 2023.
Ce qui signifie que les recettes doivent être impérativement en hausse. Bien que de nombreux efforts aient été déjà déployés par les douaniers dans l’exercice de leurs missions pour atteindre cet objectif, ces réalisations – sans aucun doute louables – n’ont pas pour autant empêché ce dernier d’appeler chaque douanier à sa responsabilité afin de contribuer efficacement à la mobilisation des recettes domestiques. Selon le DG Inamo, plus de 80% des prévisions budgétaires recommandé par le gouvernement a été respecté au titre de l’exercice 2023. Toutefois, il est impératif de prendre des mesures strictes de contrôle relatives aux exonérations accordées à la Minusca et à certaines ongs et institutions ; ce qui constitue un manque à gagner pour les ressources nationales. Conformément aux dispositions de la loi de finances, l’autorisation à la jouissance de ces exonérations relève exclusivement de la compétence du ministre des finances et du budget. D’une manière générale, au regard des réformes douanières en cours, la douane centrafricaine a atteint un niveau plus élaboré de perceptions de recettes avec les mécanismes de digitalisation suivi des logiciels permettant de détecter les vrais numéros d’identification fiscales (NIF). »
Si nous ne pouvons pas contester le fait qu’en sa qualité de « Directeur Général », Monsieur Frédéric Théodore Inamo est le garant du bon fonctionnement, de l’organisation optimale, et du développement de la douane centrafricaine, en termes de la qualité des services à offrir, en ce qui concerne le recouvrement des recettes douanières, en temps réel et sur toute l’étendue du territoire, et que, de ce fait, en tant que responsable de ses orientations politiques, administratives, humaines, financières, logistiques et stratégiques, il doit tenir des réunions comme celle de ce samedi 02 novembre 2024, coordonner l’action des services sous sa direction, assurer la gestion de cette direction générale, adapter l’orientation stratégique et, si nécessaire, modifier les « codes préétablis de mauvais comportements préjudiciables », et de piloter les différents projets dédiés à la politique de mutations de la douane, nous ne pouvons pas cependant nous taire sur l’échec ahurissant et total de ce Monsieur à la tête de la direction générale des douanes et des droits indirects.
En effet, oncle ou neveu du président Faustin Archange Touadéra, c’est à lui que ce dernier a confié la gestion de la douane centrafricaine, après sa prise de fonctions à la magistrature suprême de l’Etat, le 30 mars 2016. Selon des informations en notre possession, en plus des liens de parenté, il était avec un autre douanier, Monsieur Biro Rameaux, membre de la Commission de Soutiens des Cadres du Ministère des Finances et du Budget au candidat indépendant Faustin Archange Touadéra pendant la campagne électorale de 2015. Par conséquent, ce n’est pas à cause de ses compétences, son savoir – faire, son intégrité, ses qualifications intrinsèques et sa capacité à améliorer le niveau des recettes de la douane qu’il a été nommé ; c’est plutôt pour son appartenance à la famille, au clan et à la tribu, d’une part, et surtout, pour ses connaissances et ses maîtrises réelles en techniques irrégulières « de fabrications, de détentions et de mises en services de faux quittanciers, d’autre part, qu’il a été choisi pour occuper ce poste hautement stratégique. Le but poursuivi ici par le président Faustin Archange Touadéra était, reste et demeure d’avoir à portée de main quelqu’un qui puisse lui apporter de l’argent dans des sacs en banco à tout moment comme le faisait l’ancienne directrice générale Rachel Ngakola sous la période de transition. Et c’est ce que Monsieur Frédéric Théodore Inamo a fait avec un certain professionnalisme depuis mars 2016 à ce jour.
De ce qui précède, les prétendues actions à mettre en œuvre dont il a parlé, pour une amélioration rapide du niveau des recettes douanières ne sont que des grossiers mensonges. Sinon, pourquoi n’en avait – il pas parlé depuis plusieurs années ? Qu’est – ce qui peut justifier ou expliquer politiquement, administrativement et techniquement la non – évocation de ces mesures pendant tout ce temps ? Et pourquoi devrait – il les évoquer aujourd’hui et maintenant ? En effet, chargée de tenir les frontières, terrestres, maritimes, physiques ou numériques, afin d’assurer la protection du territoire, des citoyens et des intérêts économiques et financiers nationaux ou communautaires, la douane centrafricaine, après sa nomination en 2016, avait et a toujours pour missions régaliennes de traiter les flux de marchandises au passage en frontière, gérer la première administration civile à la mer, de tenir la frontière numérique, d’assurer la présence de l’Etat à l’international et de contrôler la garde-frontières. On ne saurait trop insister sur la relation étroite qui unit, en République centrafricaine, le recouvrement des recettes publiques, fiscales et douanières notamment, et la construction et le fonctionnement de l’État, de l’État de droit, de la nation, voire de la démocratie et du développement.
C’est pourquoi, dans les différentes lois de finances, de 2016 à 2024, les recettes douanières oscillaient entre 55 et 77 milliards de Fcfa. Sur ce point, il faut noter qu’ en 2023, les dépenses publiques ont augmenté dans la plupart des pays de la CEMAC, réduisant l’espace budgétaire et apportant des défis en termes de maitrise de la dette publique. Les dépenses totales dans la CEMAC ont augmenté pour atteindre une moyenne de 20,1 pour cent du PIB en 2023 contre 18,3 pour cent en 2022, et l’excédent budgétaire a diminué à 1,1 pour cent du PIB contre 2,9 pour cent pendant cette période. Les pressions budgétaires restent particulièrement fortes en République centrafricaine (RCA) où le déficit budgétaire était de 3,5 pour cent du PIB. La dette publique moyenne dans la région a augmenté pour atteindre 52,8 pour cent du PIB en 2023, contre 51,5 pour cent en 2022.
Ceci dit, le premier objectif de la fiscalité étant toujours de générer des recettes, les différences de niveaux et de structures d’imposition reflètent une série de choix politiques et de capacités administratives et ont un impact majeur sur les résultats économiques et sociaux. Des données de haute qualité sur les recettes fiscales sont essentielles pour la politique fiscale des pays et la coopération internationale en matière de fiscalité. Fort malheureusement le dispositif incitatif centrafricain, par exemple, basé sur les exonérations douanières n’a pas donné entière satisfaction dans l’élan de développement économique. Sur les plans internes, les services d’observation, de gestion et de contrôle, bien qu’existants, n’ont pas permis de limiter la saignée au niveau des recettes fiscales. Au niveau externe, il est difficile, dans ce contexte, de répondre aux exigences communautaires de mobilisation optimale de recettes. Dans cette perspective, à défaut d’une harmonisation douanière qui tarde à se réaliser pleinement au niveau sous régional, l’urgence est à l’avènement d’un nouvel ordre fiscalo-douanier adapté à la nouvelle configuration industrielle des pays membres.
Pis, de 2016 à ce jour, non seulement Monsieur Frédéric Théodore Inama n’a jamais réalisé de fortes performances en termes de rentrées de taxes douanières, dans le cas échéant, nous lui demanderions de les rendre publiques dans les meilleurs délais, mais surtout sa gouvernance est jalonnée des affaires de scandales financiers, celle des quittanciers parallèles, celle de la signature d’un accord de partenariat avec la société Mercure, celle de la création d’un port sec au PK 26 sur l’axe Boali, celle de l’implication des mercenaires russes du Groupe Wagner dans les procédures de perception des engagements, de contrôles et de liquidations des recettes douanières. Toutes ces sales affaires ont eu des impacts négatifs sur les recettes douanières sans que personne n’en parle.
Si la caisse du Trésor public en a lourdement souffert, le bonhomme qui s’appelle Frédéric Théodore Inamo en a superbement profité. Outre les sacs en banco pleins de billets de banque remis hebdomadairement à Touadéra et à ses épouses, le directeur général des douanes en a tellement pris, pour lui seul, qu’il est aujourd’hui devenu un grand immobilier avec des villas en location à Bangui et en provinces, un grand transporteur à la tête d’une concession de véhicules en location toutes catégories confondues, un grand opérateur économique sous des prête – noms qui raflent les marchés publics, en violation des dispositions de la loi et de la charte des douaniers, un grand hôtelier avec un hôtel à Damara, des motels et des restaurants dans la ville de Bangui tenus par des copines au point où celles – ci ont fini par l’appeler ces derniers temps « Monsieur Balthasar de Bangui » et lui soutirent régulièrement de l’argent en menaçant de publier les vidéos de ses exploits sexuels. Et un philanthrope qui tient un orphelinat en association avec une certaine Portia Deya qui est l’une de ses nombreuses maîtresses, impliquée dans l’affaire de détournements de plusieurs centaines de millions de Fcfa de la Banque mondiale alloués à l’Ong Fefacam par le Projet Prapam.
Affaire à suivre…..