RCA : Drame du Lycée Barthélémy Boganda de Bangui : la consécration de la politique du « deux poids deux mesures »

Suite aux événements dramatiques du Lycée Barthélémy Boganda de Bangui survenu le mercredi 25 juin 2025, ayant provoqué des dizaines de morts et des centaines blessés, après l’explosion d’un transformateur électrique réparé le même jour par une équipe de l’Enerca sur instructions du ministre de l’énergie et des ressources hydrauliques, un certain Bertrand Arthur Piri, plusieurs associations et regroupements ont décidé d’organiser une marche pacifique et silencieuse à la mémoire des victimes au Rond – point des Martyrs.

A cet effet, ils ont adressé deux courriers d’information, car nous sommes dans un régime de déclaration et non d’autorisation au regard des dispositions de la Constitution du 30 mars 2016, respectivement au ministre de l’éducation nationale et à celui de la sécurité publique. Si le premier a argué des raisons d’enquête pour interdire l’organisation de cette manifestation blanche devant le Lycée Barthélémy Boganda, le deuxième y a opposé une fin de non – recevoir, tard dans la soirée au téléphone.

Légalistes et respectueux de ces décisions, ils se sont résolus à organiser une marche pacifique et silencieuse au Rond – Point de l’Avenue des Martyrs. Mais, fort étonnamment, les éléments de l’OCRB qui étaient intervenus, après leurs collègues de la CNS, sur instructions formelles du directeur général de la police Bienvenu Zokoué alias Nikolaï Iejov, l’homme de la Terreur Rouge stalinienne, qui était à la tête du peloton d’exécution, avaient décidé seulement d’interdire la manifestation, mais surtout ils étaient venus dans l’intention de brutaliser, violenter, enlever, menotter et de séquestrer les principaux organisateurs, dans les geôles de l’OCRB, non sans les avoir préalablement soumis à des traitements manifestement cruels, inhumains et dégradants et cassé les téléphones des uns et des autres.

S’ils ont été libérés, 24 heures plus tard suite à de très fortes pressions, et en dépit des injonctions faites au criminel Bienvenu Zokoué, vers 22 heures, par MonsieurFaustin-Archange Touadéra de les relaxer purement et simplement, grande sera notre surprise de lire sur les réseaux sociaux, une autorisation de manifestation dûment signée par le ministre de l’administration du territoire Bruno Yapendé et délivrée une organisation de la société civile mais proche du pouvoir, dénommée Fédération des Associations des Femmes Entrepreneures de la République centrafricaine, en abrégé « FAFECA ».

Une autorisation foncièrement illégale, irrégulière, grotesque, nulle et de nul effet pour vice d’incompétence, ce dernier s’étant substitué au ministre de la sécurité publique, et pour détournement de pouvoir. Cette fameuse autorisation est, en effet, grossièrement entachée de détournement de pouvoir tout simplement parce que Monsieur Bruno Yapendé l’a pris dans un but psychologique qui n’était pas celui prévu par les textes. N »ayant pas la compétence pour la délivrer, cette autorité administrative n’a poursuivi aucun but d’intérêt général. Elle a en réalité obéi à des préoccupations d’ordre privé, en poursuivant son intérêt propre, soutenir une organisation affiliée au MCU et au pouvoir, en cherchant à assouvir une vengeance ou une animosité à caractère politique. En pratique, on ne peut que constater et affirmer que la délivrance de cette autorisation guidée par le favoritisme et l’animosité est mue par un mobile politique.

Comme nous l’avons annoncé dans la titraille, nous sommes devant un cas patent de consécration de la politique du « deux poids deux mesures » qui caractérise la gouvernance de notre pays par un régime clientéliste et une justice crasse au service de l’ injustice à des fins politiques et dictatoriales du pouvoir de Bangui.

Tout simplement, parce que la fameuse FAFECA est dirigée par la nièce de Touadera et nièce de l’ambassadeur Flavien Mbata, en l’occurrence Mme Portia Deya Abazene, frère du ministre d’Etat Djoubaye. Pour être précis, elle est la fille d’un certain feu Sélébangué. Fonctionnaire de l’Etat, propulsée en un temps record colonel de la douane, après s’être faite rejeter de notre ambassade à Bruxelles, où les autorités belges lui avaient refusé la carte diplomatique entre 2014/2015 après sa nomination en qualité d’assistante consulaire.

Pour la petite histoire et une importante précision, elle a été nommée en Belgique par son bel oncle, Djotodia. Par la suite, elle a été déclarée persona non grata par les autorités belges, avec un préavis de 48h pour quitter le territoire, officiellement pour des faits de traite d’êtres humains, les autorités lui reprochant le fait d’avoir usé de son statut diplomatique afin de faire entrer clandestinement plusieurs individus sur le territoire belge. En réalité, cette décision a été motivée par un signalement des services français, qui l’accusaient de jouer un rôle d’intermédiaire entre la coalition Séléka et certains diamantaires israéliens, dans le but de contourner les sanctions imposées par les Nations Unies ainsi que les mécanismes du processus de Kimberley.

Rentrée au pays par la petite porte, celle-ci va connaître une ascension fulgurante ; elle fut nommée successivement cheffe de poste de douane à l’aéroport de Bangui, puis cheffe de poste de douane au BARC avant de se retrouver au sein de la direction générale des douanes aux côtés du directeur général de la douane et de droits indirects, l’inamovible Frédéric Théodore Inamo, depuis 2016.

Vous aurez constaté que cette femme, aux allures sulfureuses, se retrouve alors sur tous les dossiers possibles, en totale violation des dispositions de la loi portant statut général de la fonction publique centrafricaine interdisant formellement à tout fonctionnaire et tout agent de l’Etat d’exercer des activités lucratives et/ou associatives.

Bénefiant des subventions gouvernementales et mêmes des appuis provenant des aides financières internationales – comme celles de la BM – gérées par certains projets au ministère de l’économie et de l’agriculture, FAFECA est donc présente partout et nulle part ailleurs de manière sédentaire : art, musique, danse, entrepreneuriat feminin, investissement privé, sport, miss Centrafrique, formation et renforcement de capacités, import-export, kwa ti kodro, autres activités génératrices de revenus en milieu feminin, missions et conférences à l’étranger, etc.

Selon certaines indiscrétions, elle serait d’ores et déjà pressentie pour occuper un poste ministériel dans l’hypothèse d’un remaniement gouvernemental. En signant et en lui notifiant une autorisation de marcher, nous ne pouvons que constater et dénoncer une injustice et une application de la politique du « deux poids deux mesures » lorsqu’on sait le sort qui était réservé aux leaders de la société civile que sont Gervais LAKOSSO, Crescent BENINGA, Mandé DJAPOU, Mme DEROM et Quentin DÉMOCRATE. A préciser que cette femme n’ayant pas suivi un parcours scolaire particulièrement brillant, elle ne peut qu’être l’exemple type du clientélisme et du clanisme reconnus comme méthode de gouvernance du régime de Touadera : FAFECA a demandé une autorisation de marcher le vendredi 27 JUIN 2025 et le ministre qui est incompétent pour traiter le dossier, a néanmoins usurpé le titre de son collègue de la sécurité publique et a apposé sa signature en date du 28 JUIN 2025.
Nous vous laissons le soin dapprécier la grosse bourde…

Ainsi donc, pour toutes les forces vives de la nation, les Résistants et les Résistantes, le Rassemblement Unitaire et tous les partis politiques de l’opposition, cette injustice avérée par l’autorisation de la marche prévue par FAFECA n’est qu’une mascarade du régime, une instrumentalisation indécente et une façon de souiller la mémoire de nos jeunes lycéens morts par l’incompétence du gouvernement de Touadera et Moloua.

Elle soulève l’épineuse question de la politique du « deux poids deux mesures » qui fait référence à une situation où des règles ou des normes différentes sont appliquées à des individus ou des groupes similaires, souvent de manière injuste ou discriminatoire, dans toutes les dimensions de la vie. Elle crée tout naturellement de l’injustice, de l’inégalité et de la perte de confiance entre les gouvernants et les gouvernés. Elle sert un clan et une élite sur la base des critères subjectifs et constitue de solides freins à la promotion de la transparence, de l’égalité et la justice dans l’application des règles et des normes.

Jean – Paul Naïba

Komla AKPANRI
Komla AKPANRI

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