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Le parquet de Bangui a été pris d’assaut le jeudi 19 août 2021 par une population amoureuse de la justice surtout dans une affaire dite pédagogique. Les présumés mis en cause sont arrivés en tenue orange des deux universités correctionnelles de Ngaragba où M. Baligros avait une tenue n00121N et Manuela SEZON de Bimbo avec le n0 0016B pour subir le sort judiciaire. Le récit de la journée mouvementée.
Dès l’ouverture de l’audience, le conseil de la défense a plaidé pour le retrait des journalistes de la salle. Or, le Magistrat expérimenté et représentant du ministère public, le M. Espoir BEDIAN n’a pas tourné autour du pot pour rappeler au tribunal le rôle d’une audience publique qui se veut pédagogique. Ce qui signifie que la présence de la presse de telle circonstance est salutaire pour informer et éduquer la population. Cette thèse soutenue par Me Macaire Lapelou a poussé le juge du Parquet de rejeter purement et simplement la demande formulée par la défense.
La parole sera ainsi donnée à la partie civile pour exposer brièvement les faits tels que suit. M. Aristide Martial Roméo GOMO affirmera alors qu’en 2010, il a rencontré la demoiselle Manuela SEZON avec laquelle, il a vécu maritalement sous le même toit jusqu’au 06 avril 2019. Pendant toute cette période, il payait les études de son âme sœur sans toutefois maîtriser son plan machiavélique ayant au passage payé la pré-dote à ses beaux-parents selon les us et coutumes du pays.
Dans son aventure, Manuela SEZON va prendre attache avec le Cabinet du Docteur Sylvestre BALIGROS qui est un gynécologue pour un suivi médical en 2014 ce qui donnera d’ailleurs naissance à leur premier fils le 2 avril 2015. Cependant, les complications survenues lors de cet accouchement par césarienne avaient été facturées par ce docteur à hauteur de 180.000 FCFA, montant réglé en espèce par cet homme qui se disait amoureux. Malheureusement…
Selon le plaignant, le docteur gynécologue prétextant que l’intervention qui a suivi la naissance de l’enfant ayant causé des dégâts à l’intérieur de l’appareil génital de sa compagne a conseillé au couple de faire une implantation des pilules pour une durée minimum de deux ans afin d’éviter toute autre grossesse dont les conséquences pourraient être fatales. Chose faite.
En 2017, le couple va décider d’avoir un second enfant l’appétit venant en mangeant. Le même docteur sera une fois de plus sollicité et le traitement prescrit sera à hauteur de 400.000 FCFA véritable fortune. Les complications seront encore enregistrées lors de l’accouchement du deuxième enfant avec des dépenses de 90.000 FCFA. Et pour alléger la souffrance, le nouveau-né ne consommera que du lait NIDO dont le plaignant payait chaque deux (2) jours à 3500 FCFA.
Deux ans après, il va découvrir que le docteur était devenu son rivale situation qui a conduit à une séparation de corps du couple le 6 avril 2019. Et aujourd’hui, Manuela SEZON vit ensemble avec M. Baligros sous un même toit. Dans une rencontre d’arrangement à l’amiable, Manuela va relater à son ex-conjoint qu’il n’était pas le père géniteur du second enfant qui est par contre le fruit de la tricherie et d’adultère du docteur. Incroyable pourtant vrai!
Prenant la parole pour son dernier mot, la partie civile a demandé qu’il lui soit restitué pour ses frais d’ordonnances et autre, une somme de 1.175.000 FCFA et 250.000.000 FCFA pour dommages et intérêts.
Me Macaire Lapelou dans son éloquence judicaire et après la décision du juge du siège de placer le couple sous mandat de dépôt affirme que la justice centrafricaine renoue avec ses valeurs de noblesse : « Nous sommes dans une posture de responsabilité. Nul n’est au-dessus de la loi. Les médecins doivent respecter leur serment pris devant Dieu et devant les hommes. C’est pourquoi, c’est un procès pédagogique en ce sens qu’il doit servir de leçons aux autres médecins et aux patients. La justice centrafricaine n’est plus ce que l’on croyait. La lutte contre l’impunité est le mot d’ordre de tous les acteurs judiciaires »
Cet avocat a clairement réaffirmé son intention de faire une application de la volonté du président de la République exprimée lors de son discours du 61e anniversaire du 13 août dernier, c’est pourquoi, il a cité le chef de l’Etat en ces termes : « Je réaffirme mon engagement à veiller à ce que la justice soit rendue à toutes les victimes des crimes et délits commis par les fossoyeurs des droits humains. L’Etat de droit que je m’emploie à construire depuis le 30 mars 2016 ne doit se satisfaire de la poursuite des exécutants des crimes. Les auteurs intellectuels et les complices doivent être poursuivis et punis conformément à la loi » pour Me Macaire Lapelou, la récréation est terminée en Centrafrique. Il faut que le peuple centrafricain s’en souvienne de ce délit qui fait que le procès du jour soit pédagogique en ce sens qu’il doit donner de leçons aux autres médecins mais aussi aux autres femmes qui tenteront tomber dans ce même piège.
Pour Me Nelo Thanga, un autre avocat de la partie civile, la République centrafricaine n’est pas une damnée des exactions des criminels de tout genre. Les faits étant avérés, il sied à ce que la justice fasse son travail pour le bonheur du peuple centrafricain : « Je suis dans la logique de la lutte contre l’impunité. Les femmes qui vont chez les médecins gynécologues ne sont pas leurs femmes. S’ils ne peuvent pas se retenir face au sexe, il est judicieux qu’ils changent de métier pour l’intérêt général. On ne peut pas dépouiller un homme de la sorte. Sieur Baligros a utilisé son statut pour commettre cet acte ignoble qui déshonore même son statut et sa personnalité. Le peuple centrafricain doit faire confiance à sa justice. Cependant, j’exhorte la population à la vigilance et à la prudence car, tout ce qui brille n’est pas nécessairement l’or », a-t-il déclaré.
Dans son réquisitoire après confrontation des faits, le Procureur de la République soucieux de la justice distributive a rappelé au juge du siège, le magistrat Scieur, l’application des recommandations du Chef de l’Etat Faustin Archange Touadéra, Premier Magistrat lors de la dernière rentrée judiciaire relayées par le Ministre de la Justice qui exhorte ce corps à faire preuve de responsabilité dans l’exercice de ses fonctions et redonner confiance à la population : « Je tiens à rappeler que ce n’est pas dans le bureau des directeurs de cabinet ni dans le cabinet du ministre que la sentence est prononcée. C’est ici au parquet. Nous avons un devoir noble de rétablir la confiance entre le corps judiciaire et la population. C’est pourquoi, avec l’accord de votre siège, je vous prie de dire le droit sans complaisance aucune… Ainsi, au regard de la vérité des faits je demande que les présumés ici soit condamnés au terme de l’article 175, à 10 ans d’emprisonnement ferme et une amande de 4.000.000 FCFA et 5 ans pour la femme».
On se souvient que depuis le début de cette audience, le Procureur de la République représentant le ministère public le Magistrat Espoir BEDIAN, a toujours a toujours demandé au juge du parquet de se souvenir des recommandations du Premier magistrat « Le peuple centrafricain et surtout ceux qui sont dans la salle ont besoin de la justice qui est synonyme de la stabilité dans le pays. Je vous propose si votre parquet peut le permettre de redonner confiance à ce peuple en disant le droit rien que le droit et ne pas tomber dans les distractions ou des manigances. Et c’est en cela que ce peuple vous reconnaîtra comme son serviteur puisque vous avez prêtez ce serment », a-t-il exhorté durant tout le procès.
Le juge du parquet ayant écouté minutieusement, toutes les parties en présence, a placé cette affaire en délibérée pour le 26 août prochain avec l’espoir que seule la loi sera dite pour le bonheur du peuple centrafricain. Car, le chef de l’Etat a affirmé lors de la rentrée judiciaire que « L’injustice fait la honte du peuple, la justice bâtie une nation ».
Le problème qui se pose de nos jours est de savoir pourquoi toujours attendre aller dans les bureaux des hauts dignitaires de ce pays pour avoir gain de cause sur des procédures judiciaires. Le Centrafrique peut-il sortir de l’ornière si la justice est à la solde des hommes en cravates détenteurs des billets de banque alors que les faits révélés dans cette affaire ne sont qu’une réalité au quotidien ? En cas, les yeux sont fixés le bon sens du juge du parquet le magistrat Scieur qui doit rendre compte à la nation centrafricaine espérant qu’il ne va pas tomber dans le piège de l’argent et surtout, il doit se souvenir de la déclaration du premier magistrat centrafricain relayée par le ministre d’Etat en charge de la Justice qui a mis en garde les magistrats corrompus.