Côte d’Ivoire : Charles Blé Goudé recadre Alpha Blondy sur la déclaration de ce dernier sur RFI

Charles Blé Goudé recadre Alpha Blondy et lui fait une leçon d’histoire : « Alpha Blondy, c’est mon ainé, je le respecte beaucoup mais ce qu’il a dit n’est pas la vérité »

En dédicace de son ouvrage de proverbes le mercredi 09 avril 2025 a Seen Hôtel Plateau, Charles Blé Goudé a tenu à répondre à une sortie récente d’Alpha Blondy sur RFI.

« J’ai écouté sur RFI notre star interplanétaire Alpha Blondy. Il a dit et je cite : « c’est moi qui suis allé voir le président Ouattara. Je lui ai dit de faire en sorte que Gbagbo ne meurt pas à la Haye donc quand on a libéré Gbagbo, Ouattara a eu son doigt dessus ».

Je dois beaucoup de respect à Alpha Blondy. C’est vrai qu’il a parlé de Gbagbo mais comme on était ensemble dans le dossier, cela veut dire que mon acquittement n’est pas le travail ni le fruit de mes avocats mais d’une intervention de la Côte d’Ivoire.

Mesdames et messieurs, ce n’est pas vrai. Je dis bien, ce n’est pas vrai. Moi, Charles Blé Goudé en tout cas, le dossier dans lequel j’étais avec le président Laurent Gbagbo a la Haye, puisque c’était deux dossiers joints qu’on appelait l’affaire Laurent Gbagbo-Blé Goudé face au procureur.

82 témoins ont défilé à la Cour pénale internationale pour nous accuser. Après leurs passages, le juge-président Cuno Tarfusser écrit au procureur, en novembre 2018 demandant s’il n’aura plus de témoins (…).

Le procureur répond qu’il ne veut pas qu’on nous mette dehors. Donc Alpha Blondy-là, la main du président Ouattara, c’est à quel moment ? Et le juge qui se tourne vers nous nous demandant si nous les accusé voulons faire venir nos témoins ou plaider l’acquittement. Je peux vous dire aujourd’hui que cela a été un débat profond entre nous.

A mes avocats, j’ai proposé la piste de l’acquittement. A eux de me dire que cela ne s’est jamais passé à la CPI et à moi de leur dire que cela passera par moi. J’étais convaincu que c’est ce qu’il fallait faire et mes avocats m’ont soutenu. Ils ont veillé pendant des nuits loin de leurs familles respectives.

Le 15 janvier 2019 après qu’on a plaidé arguments à l’appui, la Chambre 1 de Première instance de la CPI décide de l’acquittement de Gbagbo Laurent et Charles Blé Goudé.

Chers amis, je veux qu’Alpha Blondy m’écoute très bien, de 16h à 21h, le président Laurent Gbagbo et moi, nous étions libres puisque le juge a prononcé l’acquittement. On est même venus nous voir nous demandant d’apprêter nos bagages que ce soir-même on sortira de prison pour rentrer chez nous.

Pat Saco a dit ; « respectez ceux qui ont vécu » et ce soir moi je dis : « respectez ceux qui ont survécu ».

Ce soir-la, nos familles s’apprêtaient à venir nous chercher. 21h30, les gardes de la prison viennent nous trouver là avec des menottes en nous signifiant que le procureur a fait appel donc en attendant, ils nous remettent en prison.

La main du président Alassane Ouattara dont Alpha Blondy parle, c’est à quel moment ? J’en parle pour ne pas que le mensonge prenne le dessus sur les faits, c’est bien une histoire que j’ai vécue. C’est vrai qu’il n’a pas dit mon nom mais c’est un dossier où tout est joint donc je me sens concerné.

On nous ramène en prison et on nous apprend qu’à 13h la procédure commence pendant ce temps nos familles qui étaient venues nous chercher apprennent que nous avons été ramenés en prison. Est-ce que vous savez ce que cela peut faire ? Mais il faut avoir un mental d’acier.

(…) Attendant le verdict, les gardes nous disent que nos avocats souhaitent nous parler. Nous arrivons dans une salle commune où d’autres africains regardaient France 24 et on tombe sur cette information de la chaine « urgent, urgent, la CPI décide du maintien en prison de Gbagbo et Blé Goudé ».

Quand on a vécu ça et quelqu’un vient dire ce qu’il dit là c’est choquant parce que ce n’est pas vrai. Quand je finis de voir ça je dois quand même aller au téléphone puisque mon avocat, Me Zokou, m’y attend. Lui, ne sachant pas que j’avais déjà appris la nouvelle à la télévision essaie d’user d’arguments pour m’informer. Et moi de l’arrêter pour lui dire que je suis déjà au courant de la nouvelle. Quand tu as vécu ça et puis quelqu’un vient dire que c’est moi qui l’ai sorti de prison, ce n’est pas vrai. Nous avons attendu et une autre audience a été fixée au 1er février 2019. Là, nous avons été libérés sous condition. Le président Gbagbo est parti à Bruxelles quand moi on m’a maintenu à la Haye dans un hôtel. Hôtel duquel je n’étais pas autorisé à sortir. Quand je pouvais sortir c’était juste pour 30 minutes derrière l’hôtel. La main dont il parle c’était pour quand ?

Et puis un jour, il y a eu une audience où on demandait maintenant à partir mais l’Etat de Côte d’Ivoire a envoyé des avocats à la Haye. Quand ils sont venus, la mission qu’ils avaient c’était de convaincre la CPI que le président Gbagbo et moi on ne devrait pas être libérés mais rester toujours à la Haye sous prétexte que nous étions dangereux pour la paix en Côte d’Ivoire. Voici ce que l’Etat de Côte d’Ivoire a fait. Alpha Blondy, c’est mon ainé, je le respecte beaucoup mais ce qu’il a dit, si c’est quelqu’un qui le lui a dit, cette personne ne dit pas la vérité. En tout cas, ce qu’Alpha Blondy a dit n’est pas la vérité. Il n’a pas dit la vérité puisqu’il dit que c’est lui qui est allé voir le président Ouattara. Je ne dis pas qu’il n’est pas allé voir le président Ouattara mais dire que c’est eux qui nous ont libérés, ce n’est pas vrai.

Après ça, le procureur a fait appel et on a attendu deux ans et c’est le 31 mars 2021 qu’une autre Chambre, en l’occurrence la Chambre d’appel de la CPI a siégé avec d’autres juges différents de ceux de la 1ère Chambre. Et ces juges ont dit au procureur que le dossier était vide et ont confirmé définitivement notre acquittement tout en précisant qu’aucun autre juge de tribunal dans ce monde ne peut plus jamais nous juger pour des faits relatifs à la crise post-électorale en Côte d’Ivoire. Chers ivoiriens, chers africains, peuples du monde entier, voilà ce qui s’est passé à ce sujet a la Cour pénale internationale. Personne n’est intervenu pour qu’on nous libère. Maintenant, ce dont parle Alpha Blondy certainement, après notre libération, comme nous sommes partis sous fond de crise, il fallait prendre langue maintenant avec le gouvernement ivoirien pour déterminer les conditions de notre retour. J’ai tenu à faire cette précision parce que notre histoire ne doit pas être tronquée »

Komla AKPANRI
Komla AKPANRI

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