Celui qui contrôle cette île minuscule met la main sur les énormes gisements de gaz cachés dans les tréfonds de la mer Noire estimés à 200 milliards de mètres cubes.
C’est un caillou situé à 45 kilomètres du Delta du Danube, à l’est de la Roumanie, dans les eaux troubles de la mer Noire. L’île des Serpents, pomme de discorde entre la Roumanie, l’Ukraine et la Russie, est devenue un des points névralgiques dans la guerre que Moscou mène contre Kiev. Le 24 février, un navire de l’armée russe a bombardé ce petit confetti de 17 hectares et a pris possession.
Cette île exotique a appartenu à la Roumanie qui l’a cédée à l’Union soviétique après la deuxième guerre mondiale. En 1991, après la chute de l’ancienne URSS, l’île des Serpents est récupérée par l’Ukraine, mais en 2004 la Roumanie la revendique auprès de la Cour internationale de justice de La Haye. Ce n’est qu’en 2012 que la Cour précise son statut juridique : l’île demeure ukrainienne, mais, sur les 12 000 kilomètres carrés d’eaux territoriales qui l’entourent, la Roumanie en obtient 9 700 et l’Ukraine doit se contenter du reste, soit 2 300 kilomètres carrés. L’enjeu en valait la peine car la Roumanie a réussi à localiser, avec l’appui technologique de pointe des Etats-Unis, les gisements de gaz situés autour de l’île des Serpents.
Fin des ambitions énergétiques roumaines:
Située aux confins orientaux de l’Union européenne (UE) qu’elle a intégrée en 2007, la Roumanie compte devenir un pays exportateur de gaz. En 2004, elle avait adhéré à l’OTAN et ouvert six de ses bases militaires à l’armée américaine qui y a aussi installé un bouclier antimissile. Profitant de la défense américaine et des fonds européens, la Roumanie espérait relancer son économie grâce au gaz découvert avec l’aide de la compagnie américaine ExxonMobil. Mais, le 24 février, l’armée russe a mis fin aux ambitions énergétiques de la Roumanie en occupant l’île des Serpents. Ce retournement de situation remet en question l’accès de la Roumanie aux réserves de gaz de la mer Noire estimées à 200 milliards de mètres cubes.