La démocratie est pour la dictature ce que les poux sont pour le lion

Le lion marche seul, les moutons en troupeau. Le troupeau suit le berger, tantôt, il les amène aux pâturages, tantôt à l’abattoir en fonction du cours sur le marché. Un lion mort ne vaut pas un moucheron qui respire. Vivant seuls les poux en mange sans craindre d’être dévorés.

« La démocratie, c’est le pouvoir pour les poux de manger les lions ». Les serpents marchent sur leurs ventres, les poux sur la tête. Trop de gueux finissent par ne plus déranger. Trop de poux finissent par ne plus démanger. On s’y habitue.

Depuis 1962, ne se sont succédé que des régimes autoritaires. En juin 1965, un coup d’Etat met un militaire au pouvoir, le colonel Boumediene. Depuis les militaires n’ont jamais quitté le pouvoir.

Le régime militaire issu du coup d’Etat du 19 juin 1965, se présentait comme le garant le plus efficace de l’unité nationale, de la consolidation de l’Etat, et du développement économique et social du pays par la rente pétrolière et gazière sous l’égide de l’armée nationale populaire.

La conception hiérarchique s’accordait parfaitement avec le modèle de l’Etat totalitaire patriarcale. En cumulant les techniques d’encadrement du Parti Unique et de la discipline des armées, l’Etat militaire devient l’Etat militant pour finir par être un Etat totalitaire et prédateur. Pour le colonel Boumediene, l’intérêt de la nation algérienne était de s’identifier à son Etat, un Etat incarné par son leader, par conséquent de lui obéir.

Dans cette optique, il fallait qu’elle puisse l’appréhender avant tout comme un Etat providence. C’est l’Etat qui devint la nouvelle providence devant répondre aux besoins de la nation en termes d’éducation, de santé, d’emplois, de revenus, de sécurité ; de justice etc…

Pour le défunt Boumediene « les hommes ne veulent pas aller au paradis le ventre creux, un peuple qui a faim n’a pas besoin d’écouter des versets, je le dis avec toute la considération que j’ai pour le coran que j’ai appris à l’âge de dix ans. Les peuples qui ont faim ont besoin de pain, les peuples ignorants de savoir, les peuples malades d’hôpitaux ». Ce discours s’inscrivait dans le courant de pensée qui soutenait à l’époque que la modernité allait faire disparaître le religieux.

Au cours des années 70, les idéologies matérialistes (marxisme, léninisme, maoïsme etc…) dominaient la pensée et les débats publics. Pour les révolutionnaires du tiers monde, l’idée d’Etat national était plus importante que la religion. La philosophie du progrès qui garantissait le bonheur des peuples sur terre élaguant les problèmes existentiels à plus tard.

Les révolutionnaires de la première heure, éduqués dans le culte des lumières de la révolution française se retrouvent plongés dans le culte des ténèbres de la révolution bolchevique dont ils ignoraient les tenants et aboutissants. Le silence religieux des campagnes contre le vacarme étourdissant des villes. La boulimie des citadins pour des produits importés contre la frugalité des paysans (consommation des produits du terroir).

Les Algériens tiennent plus à remplir leurs ventres à partir des importations qu’à sauver leur âme malgré leur fréquentation nombreuse et assidue à la mosquée. Le pouvoir maîtrise parfaitement les ressorts de la société algérienne. Et il les manie avec brio.

Déjà dans l’empire romain, un poète disait que « pour bien gouverner, il fallait au peuple du pain et des jeux », Ainsi le peuple pouvait se nourrir et se divertir et laisser les gouvernants vaquer à leurs occupations. En lui assurant de la nourriture et des jeux, on l’empêche de rentrer dans le jeu politique et ainsi on évite les révoltes, les émeutes, les contestations.

En procédant à la redistribution de la manne pétrolière et gazière à des fins de légitimation, l’Etat naissant « dépolitise » la société en « l’infantilisant ». Infantiliser la société, cela consiste à agir envers la société comme si elle était un enfant. L’enfant est celui qui n’a pas la capacité de parler ou d’agir, il doit obéir. Le lion marche seul, les moutons en troupeau.

On ne réfléchit plus, on s’observe, on se tient à distance, on fait ses besoins n’importe où, n’importe comment ; l’essentiel est de se soulager. Il est dans sa tête un enfant. Un enfant qui a besoin de ses parents, le pétrole comme mère nourricière éternelle, l’armée comme père protecteur invincible.

Les scandales financiers et les détournements de fonds publics s’étalent au grand jour dans un pays qui rejette aussi bien ses excréments que ses enfants à la mer. Cela signifie que le pays ne peut plus compter sur son élite pour bâtir son avenir. Cette élite n’a plus de tête. Elle a rempli son ventre de toutes les immoralités et de toutes les turpitudes, il ne lui reste que son pour vivre dans son propre univers nauséabond.

La société algérienne a besoin d’eau pour étancher sa soif et faire convenablement sa toilette, en commençant naturellement par la tête pour descendre le long du corps et atteindre les orteils, comme elle a besoin d’air pur afin de respirer et croître dans un monde sans état d’âme en perpétuelle agitation où le faible doit céder ses richesses naturelles au plus fort du moment. Que dire aux « démocrates algériens » qui palabrent sur les plateaux de télévision, le ventre plein, la main dans la poche, et la tête ailleurs ? Quoi dire de nouveau si ce n’est que la démocratie s’apparente à un parfum, appliquée sur un corps propre, elle parfume ; étalée sur un corps sale, elle pue ?

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Komla
Komla

Je me nomme AKPANRI Komla, historien de formation, arbitre fédéral. Le journalisme est une passion pour moi plus précisément le journalisme sportif puisque je suis un sportif. Ayant fait une formation en histoire, j'aborde aussi des questions politiques, sociales et culturelles

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