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C’est le chef de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) qui le dit. Dans un entretien au quotidien allemand Der Spiegel, Fatih Birol pense que, dès cet été, l’Europe sera plongée dans une pénurie de carburant sans précédent. De longues files d’attente sont annoncées et il n’est pas dit que cette crise énergétique qui frappe aux portes des pays les plus industrialisés soit courte. Si bien, d’ailleurs, qu’on commence à ironiser en pensant que les Européens sont à deux doigts de revenir à la bonne vieille calèche.
«La guerre en Ukraine rend le pétrole et le gaz rares», écrit le journal allemand, qui fait parler le numéro un de cette organisation internationale fondée à l’OCDE en 1974 et basée à Paris. «Quand la saison des grandes vacances arrivera en Europe et aux Etats-Unis, la demande en pétrole va augmenter, alors nous pourrions voir des pénuries de diesel, d’essence ou de kérosène, particulièrement en Europe», alerte-t-il, au lendemain de la décision de l’Union européenne de boycotter le gaz russe. «Entourloupe européenne qui coïncide, en fait, avec la décision de Moscou de fermer les vannes aux pays qui refusent de payer en rouble», expliquent des sources proches du dossier, qui qualifient le discours «arrogant» d’Emmanuel Macron à la presse, hier mercredi à Bruxelles, de «coup de bluff».
Le patron de l’IEA est catégorique : cette crise-ci sera pire que celle des années 1970. Il explique pourquoi : «Il ne s’agissait alors que du pétrole. Cette fois, la crise, [qui] n’en est qu’à ses balbutiements, touche simultanément le pétrole, le gaz et l’électricité», a-t-il indiqué dans son entretien à Der Spiegel, journal édité en Allemagne, le pays le plus touché par l’effet boomerang des sanctions imposées par l’establishment américain à la Russie, sanctions suivies machinalement par l’ensemble des pays européens asservis.
Plus grave, la pénurie de carburant est concomitante à l’impossibilité de pallier le déficit par le nucléaire, les centrales dans leur grande majorité étant vétustes et appelées à être fermées les unes après les autres à terme. «En France, EDF a dû mettre certaines de ses centrales nucléaires à l’arrêt pour des problèmes de corrosion, faisant dangereusement baisser la production française, habituellement exportatrice mais depuis peu devenue importatrice», fait remarquer Slate, qui ajoute que «l’opérateur français a prévenu qu’il ne pourra pas, en Grande-Bretagne, prolonger l’espérance de vie de la centrale de Hinkley Point, sur laquelle le pays comptait pour compenser les difficultés d’approvisionnement liées à la guerre en Ukraine».
«Aux Etats-Unis, le parc nucléaire est aussi dans un état vieillissant et, comme en France, d’intenses périodes de sécheresse font craindre une chute de la production hydroélectrique. La situation est si tendue que de grands black-out ne sont pas à exclure dans le pays le plus riche du monde, et ce dès cet été», prédit le média américain.
Algérie Patriotique