Cotonou, poumon économique, pôle cosmopolite et vitrine du Bénin. Ville où toutes les cultures du Bénin se croisent. De tous les horizons ; des quatre points cardinaux et de toutes les sensibilités, les hommes et femmes de ce pays s’y sont donné rendez- vous à des époques différentes et ce territoire qui porte le nom de Cotonou s’en est enrichi, et s’est étalé aujourd’hui sur 79Km2 environs.
Son nom Kútɔ̀nú signifie « Au bord du fleuve de la mort » et elle est toute une mine d’histoire que le Bénin tout entier peine à tenir dans sa mémoire
A la base, Cotonou était originellement « Kou tɔ nu» qui signifie en langue nationale fon « l’embouchure du cours d’eau de la mort ». Cette ville est située sur le cordon littoral entre le Lac Nokoué et l’Océan Atlantique. Ses premiers occupants seraient des pêcheurs « Tor fin nou » c’est à dire de l’ethnie des personnes sauvées par le cours d’eau ». Ces derniers qui vivent aujourd hui encore dans le quatier d’Awansori, l’un des plus anciens de Koutonou. Elle n’était certainement pas aussi ambiante, ni aussi véloce (tout y va tellement vite), ni aussi vorace (elle requiert de ses habitants beaucoup d’énergie et d’engagement au quotidien) qu’elle ne l’est aujourd’hui.
En effet au début du XIX siècle, ce territoire n’était habité que par quelques pêcheurs. C’était une zone majoritairement marécageuse sous le contrôle du royaume d’Abomey. De par sa situation stratégique, – situé entre le port d’esclavage à Ouidah et le royaume concurrent de Porto novo, les rois d’Abomey notamment Glèlè (1858 – 1889), pouvaient facilement y poster des représentants pour administrer leur commerce avec les Européens.
Après l’abolition de l’esclavage, Ouidah était surveillé, alors Cotonou avait servi comme port d’embarquement officieux des esclaves au milieu du XIXe siècle. A l’issue d’un traité signé le 19 mai 1868 par Glèlè, la ville est louée aux français à 20 000 francs par an. Son utilisation comme pôle de ravitaillement favorise son essor et l’installation de nombreux Français. Ceux-ci créent les premières voies et creusent en 1885, un canal coupant la ville en deux, en vue de faciliter l’accès depuis la mer à la lagune de Porto-Novo par le biais du Lac Nokoué.
Une fois sur le trône du Danxomè, après la mort de son père, Béhanzin remet vivement en cause l’accord passé avec les Français. La France déclare la guerre au roi d’Abomey et Cotonou devient ainsi « La pomme de discorde ».
Entre 1891 et 1893, la France fait construire un wharf (passerelle métallique) qui part de la côte et s’arrête au-delà de la zone de vagues. Ce sera le point de départ de la construction de bâtiments modernes et du chemin de fer à Cotonou. Après avoir gagné la guerre contre Béhanzin, la colonie du Dahomey sera ainsi créée en 1894 et placée sous l’autorité du gouverneur Victor Ballot et Cotonou en deviendra la ville de commerce et des affaires.
Depuis lors, l’ancien territoire marécageux ne cesse de s’élargir. Comme toutes les grandes métropoles, Cotonou a subi plusieurs mutations ainsi que la pression démographique qui n’est que le fruit de fortes activités migratoires en sa direction dont l’exode rural par exemple. L’installation humaine fera reculer les marécages et n’ayant plus suffisamment d’espace pour se développer démographiquement, les villes limitrophes telles qu’Abomey-Calavi, Ouidah et Sème-Kpodji seront transformées en des villes dortoirs.
Au sein de ses habitants aux origines et cultures extrêmement diverses, on parle en plus du français, toutes les autres langues. Le Fon, le Yoruba, le Bariba (Baatɔnum), le Goun, le Mina, le Adja, le Dendi et le Haoussa sont donc des langues parlées à Cotonou.
Grâce à son Port Autonome et à son marché Dantokpa, Cotonou se place comme une véritable plateforme d’échanges commerciaux. Elle est au cœur des échanges de marchandises entre l’Est, le Nigéria et l’Ouest, le Togo, mais aussi entre les pays d’Europe et d’Asie et ceux de l’hinterland (Niger, Burkina-Faso, Mali,). Elle est appuyée dans ce rôle par son réseau routier qui dessert tous ces pays.
Dans cette ville, le légendaire hôtel PLM Alédjo, qui accueillit la conférence des forces vives de la nation en 1990, et qui permit au Bénin de tourner la page du Marxisme Lénisme et d’entrer dans l’histoire comme pionnier de la démocratie en Afrique francophone tient encore debout, résistant durement aux assauts dévastateurs de l’océan atlantique.
Si la ville a été rognée pendant des décennies sur la côte Ouest, l’ambitieux programme de lutte contre l’érosion côtière propulsé à grande vitesse par le gouvernement du Président Patrice Talon a permis de réaliser plusieurs ouvrages qui montrent déjà leur efficacité. A quelques kilomètres du PLM, un peu plus à l’ouest, le Centre International de Conférence, construit sous le président Nicéphore Soglo dans le cadre du sommet de la francophonie en 1995 est une salle à l’architecture révolutionnaire alors. Plus tard, sortira de terre un autre lieu plus gigantesque qui sera réservé aux grandes manifestations internationales ou d’envergure nationale et internationale, le palais des congrès.
Mais les lieux populaires les plus anciens demeurent le Hall des arts, immense bâtiment dédié aux manifestations culturelles et sportives en salle pour près de 3000 places avec un théâtre de verdure ; et le Stade de l’amitié, omnisports de Kouhounou, devenu Stade Général Mathieu Kérékou avec son palais des sports.
La place du souvenir (ex place des martyrs), monument élevé à une dizaine de mètres du sol, montrant trois géants dont une femme, armés d’un drapeau, d’une arme à feu et d’un fusil rappelle aux Béninois, l’attaque du 16 janvier 1977 par des mercenaires sous la conduite de Bob Denard. A moins de 3km de là, l’une des places les plus fréquentées est l’étoile rouge née sous le général Mathieu Kérékou, en Octobre 1974 pour symboliser l’adhésion du régime révolutionnaire à la doctrine « marxiste-léniniste ». C’est le plus grand rond-point de Cotonou avec cet énorme giratoire à 6 sorties ; dont le centre est matérialisé par une sorte d’obélisque surmonté d’un individu tendant vers le ciel sa houe, traduisant une philosophie populaire qui est que le Bénin repose sa richesse et son développement sur l’agriculture et ses dérivés.
Cotonou, c’est aussi Jonquet, le quartier aux rues désormais asphaltées et surtout illuminées où se font des belles rencontres et où naissent des aventures qui ont pour centre d’intérêt les seins souvent bien ceints mais pas toujours sains surtout pour les saints.
Cette mégalopole abrite la tête du pouvoir politique, la présidence de la république appelée aussi Palais de la Marina, presque en bordure de mer, logée dans l’un des plus vieux quartiers de la ville entre la représentation diplomatique française et le palais de la justice.
Son marché international, Dantokpa (à côté du fleuve de Dan) où se brassent des centaines de millions de francs Cfa, établi sur 20 hectares est le plus grand marché d’Afrique de l’Ouest.
Depuis les années 2000, la couleur jaune est arrivée à se faire une place dans le panorama de la ville grâce aux Zémidjans (motos-taxis) qui se vêtissent d’une chemise frappée d’un numéro d’identification enregistrée au service de la mairie ou parfois des effigies ou des tags publicitaires. Ce sont eux qui transportent l’histoire de Cotonou d’une oreille à l’autre. Ils constituent un excellent moyen de mobilité et de communication, qui s’adapte aux besoins des Cotonois et aux réalités logistiques de la ville, permettent de se transporter assez vite et d’aller dans les endroits difficiles d’accès. Parti ainsi de là, le métier de Zémidjan s’est répandu dans plusieurs villes d’Afrique de l’ouest.
La plupart des quartiers de Cotonou ont des noms qui racontent à eux tout seul leur histoire ou qui parfois présentent le quartier selon ses spécificités ou son positionnement géographique. Quelques-uns sont : Agla, ( Agla houn, bo wa!) «si tu es audacieux, alors viens » ; Ahouanlèko, « là où la guerre s’est retournée » ;Ahouansori : ( Ahuan sè-toji)« la guerre finit sur l’eau» ; AÎbatin : « où l’on reprend ses esprits » ; AÎdjedo, Cœur en paix ; Avlékété-Jonquet : « Quartier du fétiche de la mer dit « Avlékété » ; Avotrou, le pagne détaché ; Cadjèhoun (è wa ka djèhoun), Venez, je vous invite à manger ; Dantokpa, Près de la rivière de Dan ; Fidjrossè, là où l’âme se plaît ; Fifadji, Lieu paisible ; Ganhitô, Près du marché au fer ; Gbèdjromèdé, Quiconque désire s’épanouir ; Gbégamey (Gbé gaga mè) ; Dans la grande brousse » Gbogbanu, La chèvre a renversé la chose ; Guinkomey, Sur la terre des populations de Guin ; Houéyiho, Le soleil se couche ; Ladji, Là où l’on débarque ; Maro-Militaire : (Ma lo hi min), Marché du soir ; Midombo, Repliez-vous; Missessin : « Respectez la loi » ; Sègbèya : « Le destin a mis terme à la misère » ; Sènadé : « Le destin a donné quelque chose » ; Suru-Léré : « La patience a des bénéfices » ; Xwlacodji ou Placodji : « Sur la terre du peuple Xwla » ou « Pla » ; Yénawa, Ils viendront. Mais il existe aussi des quartiers comme maro-militaire, Patte d’oie, haie vive, ou quartier JAK.
Cette ville cosmopolite avec un syncrétisme religieux épatant où les religions endogènes et celles importées cohabitent pacifiquement a déjà connu 3 visites de deux papes : Jean-Paul II (2fois) et Benoît XVI (1 fois).
Située sur le cordon littoral qui donne son nom au département, le département du Littoral, issu du découpage administratif du 15 janvier 1999, Cotonou est la seule commune département du Bénin, une municipalité à statut particulier limitée au Nord par le lac Nokoué, au sud par l’océan Atlantique, à l’Est par la commune de Sèmè-Kpodji (dans le département de l’Ouémé) et à l’ouest par la commune d’Abomey-Calavi (dans le département de l’Atlantique).
Merci pour cet article. nous devons arriver à nous réapproprier notre propre histoire. Existe-t-il un article pareil au sujet de Lomé?
bonjour monsieur, si