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La prestation de serment du président du Conseil des ministres du Togo, Faure Gnassingbé, le 3 mai 2025, s’est déroulée sans la présence notable de chefs d’État africains. Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette absence :
Controverse autour de la réforme constitutionnelle
La révision constitutionnelle adoptée en mars 2024 a transformé le régime présidentiel en un régime parlementaire, attribuant l’essentiel du pouvoir exécutif au président du Conseil des ministres, un poste sans limitation de mandat. Cette réforme a été perçue par l’opposition comme un « coup d’État constitutionnel », visant à permettre à Faure Gnassingbé de se maintenir indéfiniment au pouvoir. Cette perception a suscité des critiques tant au niveau national qu’international, rendant la cérémonie politiquement sensible pour les dirigeants étrangers.
Réserves diplomatiques et prudence régionale
Dans un contexte régional marqué par des transitions politiques contestées et des coups d’État, de nombreux dirigeants africains adoptent une approche prudente. Assister à une cérémonie controversée pourrait être interprété comme un soutien tacite à une manœuvre politique critiquée, ce que certains préfèrent éviter pour ne pas compromettre leurs relations diplomatiques ou leur image sur la scène internationale.
Préavis court et organisation discrète
La réforme constitutionnelle et la nomination du président du Conseil des ministres ont été mises en œuvre rapidement, avec une communication limitée. Cette organisation discrète a pu empêcher une coordination efficace avec les chancelleries étrangères, rendant difficile la participation de chefs d’État qui nécessitent généralement un préavis suffisant pour planifier de tels déplacements.
Nature protocolaire de la cérémonie
La cérémonie marquait également l’entrée en fonction de Jean-Lucien Savi de Tové en tant que président de la République, un poste désormais honorifique. L’absence de pouvoir exécutif réel associé à cette fonction peut avoir réduit l’importance perçue de l’événement, diminuant ainsi l’incitation pour les dirigeants étrangers à y assister.
L’absence des présidents africains à la cérémonie de prestation de serment du président du Conseil des ministres au Togo semble résulter d’une combinaison de facteurs : la controverse entourant la réforme constitutionnelle, la prudence diplomatique dans un contexte régional sensible, une organisation discrète de l’événement et la nature principalement symbolique de la cérémonie.