0076/HAAC/01-2023/pl/P
Les ministres russe et français des Affaires étrangères se sont entretenus par téléphone ce 19 février pour aborder non seulement la question des garanties de sécurité, mais aussi celle des accords de Minsk. Cette conversation a eu lieu sur fond de montée des tensions dans le Donbass.
Ce 19 février, le ministre russe des Affaires étrangères a parlé par téléphone avec son homologue français à l’initiative de la partie française, a déclaré Moscou. Sergueï Lavrov a souligné que le fait d’ignorer les propositions russes en matière des garanties de sécurité était préjudiciable à la situation en Europe, « mais aussi dans le monde entier ».
« S’appuyant sur les initiatives russes visant à convenir de garanties de sécurité juridiquement consacrées en Europe, M.Lavrov a souligné à M.Le Drian la nécessité pour tous les États de respecter de bonne foi les engagements approuvés au plus haut niveau au sein de l’OSCE et dans le cadre des relations entre la Russie et l’Otan afin de garantir une sécurité égale et indivisible, fondée sur un équilibre des intérêts des parties », a indiqué le ministère russe dans un communiqué.
Fin 2021, la Russie a publié des projets de traité à signer avec les États-Unis et l’Otan sur les garanties de sécurité en Europe. Moscou souhaite notamment que ses partenaires occidentaux s’engagent à ne pas étendre l’Alliance vers l’Est, renoncent à l’idée d’accepter l’Ukraine en son sein et cessent d’installer leurs bases militaires dans les pays post-soviétiques. Ces propositions contiennent également une clause sur le non-déploiement des armes de frappe de l’Otan à proximité des frontières russes et sur le retrait des forces de l’Alliance en Europe de l’Est sur les positions de 1997.
Violation des accords de Minsk
Lors de cet entretien téléphonique, Sergueï Lavrov a également mis en relief le fait que Kiev dédaignait de mettre en place les accords de Minsk, avec la connivence de Paris et de Berlin. Il a informé son homologue français que les autorités de Kiev poursuivaient les provocations armées dans le Donbass.
« Tout en examinant la situation dans le sud-est de l’Ukraine, M.Lavrov a noté l’absence de progrès dans la résolution du conflit interne ukrainien en raison du refus obstiné des autorités de Kiev de mettre en œuvre dans leur intégralité les exigences des accords de Minsk, notamment le dialogue direct avec les représentants de Donetsk et de Lougansk et l’inscription dans la Constitution du statut spécial du Donbass au sein de l’Ukraine », a indiqué le ministère russe dans un communiqué.
Les deux ministres des Affaires étrangères ont une nouvelle fois « réaffirmé qu’il n’y a[vait] pas d’alternative à la mise en œuvre des accords de Minsk afin de parvenir à une paix durable en Ukraine ».
Pour sa part, le haut fonctionnaire français a constaté, en se fondant sur la réponse publiée par les autorités russes le 17 février et de ses échanges avec son collègue américain notamment, « l’existence d’un espace de dialogue toujours possible. La France reste, avec ses partenaires, déterminée à y travailler et à y contribuer. Mais il revient à la Russie de faire le choix d’un tel dialogue si elle en a la volonté sincère. Aujourd’hui, les actes et les paroles de la Russie sont en décalage », a indiqué le communiqué du Quai d’Orsay.
Jean-Yves Le Drain a également exprimé sa préoccupation concernant l’escalade engagée dans l’est de l’Ukraine ces derniers jours.
« Les violations du cessez-le-feu en nombre exceptionnel constatées par la mission de l’OSCE contreviennent aux engagements pris dans les récents échanges intervenus en format Normandie. Le ministre a mis en garde contre les conséquences pour la Russie de toute nouvelle atteinte à l’intégrité territoriale de l’Ukraine. Il a exprimé sa certitude sur la réponse unie des Européens, et de leurs alliés, à une telle atteinte, sous la forme de sanctions massives.
La présidence française du Conseil de l’UE assumera, à ce titre, toutes ses responsabilités. »
Enfin, les deux représentants ont discuté d’un certain nombre de questions d’actualité relatives à la coopération bilatérale d’intérêt mutuel.
Escalade dans le Donbass
Ces derniers jours, la région du Donbass a été prise pour cible -plusieurs dizaines de bombardements, y compris avec des calibres interdits par les accords de Minsk. Les sirènes de la défense civile ont été déclenchées le 18 février à Donetsk. Approuvées par les autorités russes, les évacuations se déroulent avec en toile de fond la crainte d’une action militaire de Kiev.
Les forces ukrainiennes pourraient « prochainement » lancer une attaque à l’artillerie pour atteindre les frontières russes en deux jours, selon les informations du service de renseignement de la république autoproclamée de Donetsk.
Face à l’escalade des tensions dans le Donbass, des évacuations de civils ont été organisées vers la Russie. Plus de 6.600 personnes, dont 2.400 enfants, ont été évacuées en moins de 24 heures, a déclaré ce 19 février le ministère des Situations d’urgences de Donetsk.
Cette évacuation a été vue par un porte-parole du département d’État américain comme un prétexte pour justifier « l’invasion imminente » russe de l’Ukraine. Pour l’ambassadeur de la Russie aux États-Unis, Anatoli Antonov, il s’agit de nouvelles fausses informations qui « suscitent une perplexité particulière ».
Auparavant, Vladimir Poutine avait exprimé son opinion, selon laquelle les États-Unis instrumentalisait l’Ukraine en vue de contenir la Russie tout en cherchant à l’entraîner dans un conflit militaire. La partie américaine a fait la sourde oreille aux principales préoccupations de Moscou sur le renforcement de l’Otan vers l’est, avait dénoncé en outre le Président russe.
Source : sputniknews