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Depuis deux semaines, la Russie a lancé une offensive militaire en Ukraine. Selon le Kremlin l’opération militaire vise à « dénazifier » et à démilitariser » le pays. C’est la première fois depuis la chute de l’Union Soviétique que la Russie a lancé une opération militaire de « très grande ampleur ». Mais que faut-il comprendre de l’offensive de l’armée russe en Ukraine ?
Le 24 février, après l’échec des tractations diplomatiques entre les Etats-Unis et la Russie concernant les exigences russes sur le futur statut de l’Ukraine, l’armée russe lance une offensive sur Kiev et les grandes villes. La stratégie adoptée par les décideurs russes peut se lire sur plusieurs angles.
L’Ukraine, dans les mâchoires de la « pince » russe
Dès les premiers jours de l’offensive, l’armée russe a adopté une stratégie d’encerclement de la Biélorussie à la Crimée, en passant par le territoire russe. L’objectif premier de cette stratégie n’est rien que de contrôler la rive orientale du Dniepr, une zone connue pour abriter des populations russophones.
Ainsi, l’armée russe fonctionne comme une « une pince » dont les deux mâchoires se resserrent sur l’Ukraine au fur et à mesure que les troupes avancent. Cependant, les fortifications de l’armée ukrainienne dans la région de Donetsk constituent un obstacle à la réussite des plans russes, avec les tranchées creusées et les fosses antichars. Par ailleurs, pour éviter un ralentissement de la progression des troupes russes en provenance des provinces russophones du Donbass, l’armée russes contournent la poche de résistance ukrainienne « au cœur » du Donbass pour couper les voies d’approvisionnement, en mettant en œuvre la manœuvre de la tenaille
La manœuvre de la tenaille
La « Tenaille » consiste à encercler l’adversaire et l’écraser par des bombardements. Dans le passé l’armée russe a utilisé plusieurs fois cette tactique. Elle a permis de gagner la guerre Tchétchénie dans les années 1990. En Syrie, cette stratégie de guerre a été d’une efficacité redoutable et a permis de défaire les groupes djihadistes et modérés confondus, par le biais de bombardiers à long rayon d’action et de croiseurs lance-missile depuis la mer Caspienne.
En Ukraine, le scénario syrien semble se répéter. L’armée russe encercle actuellement Kharkiv, la deuxième plus grande ville d’Ukraine, et Marioupol, une ville portuaire stratégique du sud. La « tenaille » russe commence à prendre forme à Kiev. En effet, le déploiement de la 20eme armée de terre russe, en provenance de Tchernigov, dans le sud de la capitale prive les troupes ukrainiennes de toute possibilité de se ravitailler. La prise en « tenaille » des grandes villes ukrainiennes consolident les positions militaires russes et offre un poids considérable, dans le cadre des négociations directes qui se déroulent à la frontière biélorusse.
Mettre la pression pour mieux négocier ?
Pour obtenir la fin des hostilités, la Russie utilise les leviers militaires pour faire valoir ses exigences aux occidentaux : la transformation de l’Ukraine à un Etat neutre et la fin de l’extension de l’OTAN vers les frontières russes. « La Russie atteindra ses objectifs soit par la guerre, soit par la négociation », a déclaré Vladimir Poutine à Emmanuel Macron, lors d’un entretien téléphonique. Selon Dimitry Peskov, porte-parole du Kremlin, la Russie mettra fin à l’opération militaire, si Kiev accepte les conditions de Moscou. Des déclarations qui laissent présager que l’objectif des russes est de parvenir à la transformation des gains militaires en gains diplomatiques. Pour le moment, malgré les négociations, les hostilités continuent.
Faut-il craindre un enlisement à l’horizon ?
Alors que tout le monde s’attendait à une prise éclair de Kiev, l’offensive russe rencontre quelques difficultés.
La destruction de l’aviation et les infrastructures aéroportuaires ukrainiennes n’ont pas connu les effets escomptés.
Le bombardement de la longue colonne de blindés stationnée au porte de Kiev par des avions non identifiés, montre que l’armée russe n’a pas encore le contrôle définitif de l’espace aérien ukrainien.
Les résistances rencontrées par l’armée russe aux portes des grandes villes comme Kiev, Marioupol et Kharkiv laissent attendre que le sentiment nationaliste ukrainien est une réalité.
Cependant, il est fort probable que si l’armée russe ne parvient pas atteindre toutes ses objectifs avant la fin de l’hiver, il fera face à une résistance plus difficile à contenir après le dégel.
geopolitico.info