Alors que le ministre de l’Éducation nationale avait rassuré en affirmant que le bac 2024 se déroulerait sans coupure d’internet, les autorités algériennes ont finalement opté pour cette mesure radicale dès le premier jour des épreuves, ce dimanche 9 juin. Un revirement qui a rapidement suscité une vague de protestations dans le pays.
Car en bridant l’accès à la toile sur les réseaux fixes et mobiles sans préavis, le gouvernement prend le risque de paralyser une grande partie de l’activité économique algérienne. Entreprises, banques, bureaux de poste, commerces en ligne, start-ups… Tous ces secteurs ultra-dépendants de l’outil numérique se retrouvent dans l’incapacité de fonctionner normalement pendant plusieurs jours.
Au-delà du préjudice financier, c’est l’image même d’une Algérie moderne et ouverte sur le monde qui est écornée. Comment un pays qui ambitionne d’attirer les investisseurs étrangers peut-il se permettre d’asphyxier ainsi son économie numérique ? Une inquiétude légitime pour de nombreux Algériens privés d’un outil devenu indispensable.
Surtout, rien ne garantit réellement l’efficacité de cette décision spectaculaire pour endiguer la triche lors du baccalauréat. Si elle empêche certes les candidats de communiquer avec l’extérieur, elle n’éradique pas la fraude devenue endémique, symptôme d’un système éducatif en déliquescence.
Au lieu d’opter pour la facilité en coupant l’accès à internet, ne faudrait-il pas s’attaquer enfin aux racines du problème ? L’introduction du contrôle continu, une refonte des programmes ou le développement de filières professionnelles valorisantes permettraient d’alléger la pression intenable qui entoure cet examen.
Sans parler des possibilités offertes par les nouvelles technologies pour sécuriser les épreuves de manière ciblée et maîtrisée dans les centres, plutôt que par un blackout numérique national.
En définitive, cette coupure généralisée d’internet, aussi controversée que récurrente, soulève de profondes interrogations sur la capacité des autorités algériennes à se projeter vers l’avenir. Au lieu d’asphyxier son économie, le pays ne gagnerait-il pas à se montrer plus ambitieux dans la réforme de son système éducatif ?